20/01/2009
De la supériorité du handball sur la couture
C'est Onesta, le sélecteur national déjà auréolé de la formation française, la première faut-il le rappeler à avoir donné à la France, en 1995, un titre collectif mondial, qui le dit à la veille des championnats du monde de handball qui se tiennent actuellement en Croatie :
" Le handball et le rugby sont des sports cousins, deux sports où le combat est important et la dimension collective indispensable".
Oui oui, il faut faire et refaire du handball, aller au contact, s'engouffrer dans les espaces, libérer la puissance, sentir les trajectoires, feinter, foncer, porter le collectif, tenir la défense, inspirer l'attaque !
Supériorité du handball sur le rugby, puisqu'il ajoute la précision à la puissance, à la couture pour la raison inverse, et à la politique aussi, finalement, peut-être pour une expérience incarnée du collectif.
En même temps tout cela, la tentation de faite sports-études et la fougue des gymnases, c'était avant Obama. Ce ne sera plus jamais pareil maintenant.
04:20 Publié dans La vie quotidienne au temps de Jacques Chirac | Tags : sport, handball, onesta, obama, politique | Lien permanent | Commentaires (0)
28/11/2007
Trois jours chez ma mère (l'abus de mobilité nuit gravement à la santé)
Il y a des escapades dont on sent bien, fût-ce à travers des signes infinitésimaux, que, sans jamais basculer dans le pathétique, elles seraient presque de trop. Ne jamais revenir à intervalles trop rapprochés de l'endroit que l'on a quitté. Ça perturbe les repères. Et ça finit par embrouiller tout le monde. Ce n'est pas encore : "Mais qui c'est celui-là déjà ?", mais c'est presque : "Bon, et sinon tu t'es décidé, finalement, sur ton nouveau lieu de résidence ?". Bref, on est à deux doigts du célèbre proverbe norvégien : les invités, c'est comme le poisson : il y a un moment où ça pue. Ce qui n'empêche pas les Norvégiens d'être des gens adorables, en début de soirée.
Avis donc aux DRH inspirés (ce qui est généralement le cas, passé un certain niveau de poésie dans la carrière) ou aux familles skizophrènes (lassées de la grisaille, mais effrayées par Sicko) : poussée dans ses retranchements les plus extrêmes, qu'on se le dise, l'abus de mobilité nuit gravement à la santé. Et, il faut bien le reconnaître, l'expatriation rend fou.
Les voyages forment sans doute la jeunesse, mais ils fatiguent la maturité, sur un plan d'ailleurs plus psychologique que physique, et parfois davantage son entourage que soi-même. Au moins, en passant trois jours chez ma mère, l'autre jour, quasiment sans bouger, du moins pas au-delà d'un périmètre raisonnable, aurais-je reposé tout le monde, y compris mon père (excepté peut-être au cours de l'épisode, impromptu, de l'inventaire, critique, d'une adolescence, houleuse).
Mais la psychologie ne fait pas tout : dans le brouillage des repères, les décalages horaires ont aussi leur part. Chez moi, ils ont la vertu, que je n'apprécie pourtant guère d'ordinaire, de me réveiller aux alentours de cinq heures du matin et de m'amener, selon les circonstances et les lieux, à me jeter au bureau avant l'aube ou à me faire traverser Paris à pied entre les éboueurs et les cafetiers.
Nous avons perdu le goût du mélange des genres et des gens, quelle tristesse! Moi, c'est l'uniformité qui m'ennuie et la mobilité qui m'amuse. Ai croisé Elephant Man au Luxembourg, Zeldin chez Attali (à propos, vous connaissez son histoire de muse ?) et une femme de 2,73 m chez Giacometti. J'ai même poussé la rapière avec des consoeurs un soir de grève et opté pour un Santenay à la suite d'un Languedoc en galante compagnie au comptoir des Papilles.
Ainsi vont les expatriations, mélange imprévisible d'aventure et d'exil, plein de fatigues souvent, autant que de fulgurances. C'est ce que s'acharnent à expliquer quelques psychologues éclairés, et les meilleurs coaches : les solutions aux problèmes les plus difficiles, c'est en sortant du cadre, parfois, qu'on peut les mettre à jour.
Apprendre à lire et à compter, c'est bien beau. A écrire, passe encore. Mais qui parle encore, au milieu du brouhaha ambiant, d'apprendre à regarder et à écouter ? Qui revoit La nuit américaine à part les étudiants en troisième cycle d'études françaises de la Ohio State University ? Et qui comprend vraiment ce que dit Cyrulnik ?
Anyway, home sweet home. Pour la première fois des trois ou quatre retours au pays depuis mon arrivée, en début d'année, aux Etats-Unis, je sens la perspective s'inverser. Rentrant en Amérique, ce n'est plus mon pays que je quitte. C'est chez moi que je rentre.
23:40 Publié dans La vie quotidienne au temps de Jacques Chirac | Tags : mobilité, DRH, Ohio State University, La nuit américaine, Attali, Zeldin, Giacometti | Lien permanent | Commentaires (0)
10/04/2007
Chaos
Il a d'abord fallu boucler les dernières formalités avec mon conseiller spécial à l'ANPE, celui qui s'y connait vraiment bien en communication. Franchement, je ne sais pas où ils ont été le chercher celui-là. Un as. Tandis qu'à côté, un jeune homme essayait d'obtenir une autre offre auprès de sa conseillère à cause du stress lié aux objectifs trop ambitieux qu'on lui fixait dans l'électroménager, moi, je renseignais pour la troisième fois mon formulaire métier avec l'aide de mon nouvel animateur de carrière. Une heure d'attente, autant pour remplir la fiche. A la fin, je demande quand même à quoi ça va servir ce papier. - "Mais à rien, me répond-il très gentiment, c'est juste pour nos bases de données".
Il a aussi fallu sauver le déménagement in extremis. D'abord contre le type qui avait quasiment vidé et emballé la cave n°7. Alors que la mienne, c'est la n°6 - la tête qu'il a fait lorsque je lui ai annoncé. Et puis contre FO Val-de-Marne aussi, qui commençait à chauffer le pavé de la manif des fonctionnaires au carrefour des Gobelins avant de remonter vers Montparnasse en chantant : "Je n'veux plus être exploité, je n'veux plus être sous-payé, je veux juste travailler, et puis c'est tout". C'était sur l'air de "Je ne veux plus travailler". J'ai trouvé ça malheureux comme rapprochement, et pas extrêmement bien inspiré. Encore que. En tout cas l'objectif, c'était de faire partir le container avant le démarrage de la manif, parce qu'après, le chauffeur, il ne répondait plus de rien. Quand la cargaison est finalement partie avec juste quelques mètres d'avance sur FO Val-de-Marne, je me suis senti soulagé. Je ne me doutais pas encore que ma doudoune n'avait pas rempli les documents pour l'embarquement au Havre - c'est son côté artiste.
On ne peut rien faire contre l'art en marche, mais ça reste difficile à faire passer, comme idée, auprès de la douane.
Avec mon concierge aussi, on a sympathisé sur la fin du déménagement. Un ancien de la légion et des forces spéciales, mon concierge. On le voit bien à ses oreilles décollées comme deux parachutes. Quand il parle au téléphone, il dit "affirmatif" et "terminé", et on sent bien qu'après ça il vaut mieux plus lui demander un nouveau truc. On a sympathisé devant le frigo qu'il a accepté de stocker dans la loge, vu que personne n'en voulait de mon frigo. C'est là que j'ai appris qu'en fait, le COS était aussi présent en Irak. "- Ah bon, que je lui fais, en décollant avec lui les étiquettes des dernières courses sur le devant du frigo, ils utilisent aussi le coefficient d'occupation des sols là-bas ? Remarquez, ça doit être utile pour le nouveau plan d'urbanisme à Bagdad. - Non, qu'il me répond, le COS, c'est le centre d'opérations spéciales. On ne le dit pas, mais ils opèrent en Irak, les gars, en ce moment". La vache, si ça se trouve, ils se sont répartis les rôles : Villepin comme représentant à l'ONU, et lui comme cerveau des opérations au QG de la loge, dans l'ombre.
Et c'est vrai qu'elle n'est pas très bien éclairée la loge.
Dans les interstices de ce chaos, il y eut quelques heureux moments de détente. Une virée Quai de Seine tout en douceur avec Charlotte pour plonger, avec Libero, dans le monde de Tommasino - vu avec des yeux d'enfant, le monde des adultes est tout de même très décevant, non ? Quelques très bons dîners italiens avec Poune chez Swann et Vincent et aux Cailloux. Une pause chez Pascale et Philippe, entre Marcello et Minus (j'ai bien cherché, mais à ce stade, il n'y a pas moyen de l'appeler autrement, Minus, même s'il a du potentiel ce p'tit gars, ça se voit bien) ; et puis, une Number One sauvée des eaux pour la route, ça n'a pas de prix, à deux pas du Luxembourg. Chez Jack et Melissa l'autre soir aussi, dans leur nouveau home retapé, comme un chef par Giacomo himself, de la rue de Turbigo ; ne jamais oublier de parler des trucs importants, comme par exemple des moyens de dynamiter proprement le Sushi Bar illégal du dessous, avec Jack avant 22h00 ; après, il s'endort.
Et puis une dernière pause normande à Baons, en famille, le passage en revue des ultimes formalités d'Oliver & Compagnie avec mon père, les délices et autres trouvailles de Giuliana qui vont me faire pleurer au premier hamburger venu - et un fameux coup à dix-neuf bandes de Ze Roberto. Un petit moment volé avec mamie Jeanne aux Dames Blanches, rien que tous les deux, pour se dire deux ou trois choses géniales. Et tristes. Un message de Jean-Charles, comme au bon vieux temps des virées à vélo sur les hauteurs de Marseille. Le temps de croiser Régine aussi à Hautot, son regard lumineux, confiant et bienveillant. C'était un beau week-end de tempête normand, avec un grand ciel gris et des averses cinglantes comme je les aime, au pied des grands arbres.
Je ne dis pas que tout est en ordre ; mais est-ce jamais le cas?
On peut partir, maintenant.
07:19 Publié dans La vie quotidienne au temps de Jacques Chirac | Tags : ONU, Forces spéciales, FO, Libero | Lien permanent | Commentaires (1)
Chasse à l'homme (et autres avis de turbulences)
Je m'en doutais un peu : ça se confirme. Depuis ces derniers jours, je suis un homme traqué.
Tout a commencé au bureau. C'est tout juste s'il n'a pas fallu que je crie que j'étais encore là avant qu'ils me fassent tomber les cloisons dessus. Pour un peu, ils m'auraient même coulé dans le béton, à la sicilienne, c'est un peu moins cruel qu'à la batte de base-ball dans un champ de maïs version Casino. Mais tout de même, après dix ans de bons et loyaux services, ça fait quand même de la peine, des méthodes pareilles. Et puis c'est pas dans le droit du travail non plus - ou alors peut-être à la section BTP, faudra que je jette un oeil un de ces jours, on ne sait jamais, c'est des petits malins au bureau, un de plus un de moins, ça se voit pas dans le Document de référence, l'essentiel, c'est que ce soit de la belle ouvrage.
Changement de décor juste après. Voilà que je me retrouve à l'Ourcine au milieu d'une bande d'Américaines en goguette qui parlent chiffons entre un débarquement de Chicago et une mission à Londres. Une autre planète. J'ai fait celui qui maîtrisait bien le sujet, entre le velouté et les Saint-Jacques, mais je n'ai pas donné le change longtemps. Elles ont bien vu les filles que, question shopping, j'assurais pas des masses. J'ai bien essayé d'en caser une lorsque Neil a raconté son accident de camion (c'est elle qui conduisait ; je n'ai pas tout compris mais il y a quand même un moment où j'ai arrêté de compter les morts dans cette histoire). Mais bon, je ne m'y connais pas très bien en camions non plus. Ils l'ont bien senti à la SLN quand j'ai débarqué, il y a dix ans. Du coup, ils m'ont orienté sur la communication en croyant que j'y ferais moins de dégâts. Ils se doutaient pas, les gars.
Après, à la maison, à défaut d'un défilé de mode sur la nouvelle collection de chez Abercrombie, j'ai eu droit au défilé des amateurs d'électro-ménager, section Ile-de-France, vu que si on avait embarqué notre matériel là-bas, j'aurais sans doute déclenché la plus grande panne électrique de l'histoire des Etats-Unis (il faut dire qu'elle a un peu vécu la gazinière, on dirait un peu ma grand-mère, en moins agitée tout de même ; je ne sais pas si c'est mon prochain statut de cowboy, mais je trouve qu'on dirait un peu Ma Dalton ma grand-mère, ces derniers temps). Et hop, à peine arrivé, déjà fiché comme terroriste, ça aurait quand même fait désordre dans ma nouvelle notice du Who's who. Il fallait quand même bien que je la case quelque part celle-là, vu que j'en ai quand même marre de passer pour une tache obscure. Et puis je sais enfin qui je suis maintenant : une tache peut-être, mais éclairée.
Ça aurait fait d'autant plus tache d'ailleurs que, dans le même temps, dans la Lettre de l'Expansion de lundi dernier, ils ont fait passer mon avis de départ avant la brève sur Jacques Chirac. Il a un peu baissé Chirac non ? Parce qu'avant, il ne m'aurait jamais laissé passer devant, c'est sûr. Du coup, il y a Shimon Perez et Ehud Olmert qui, s'étant fait recaler derrière le Che sur la même page, ne me parlent plus. C'est bien gentil tout ça les amis, mais comment on va en sortir du conflit israelo-palestinien maintenant ? Quelqu'un y a pensé à ça, ou il faut vraiment que je m'occupe de tout : des cartons, du divorce du concierge, de la coupure du compteur électrique ET de la paix au Moyen-Orient ?
N'empêche, côté amateurs d'électro-ménager, j'ai tout vu ces derniers jours : les amoureux, qui viennent contempler la chose au crépuscule, mais quand même surtout les étoiles par la fenêtre ; les arnaqueurs slaves qui attendent la veille du déménagement pour me proposer une négociation au thallium ; l'étudiante, qui me conjure de suspendre les offres en cours et de tout lui réserver pour le lendemain avant de fuir dans la nuit en Patagonie, la traîtresse ; le technicien qui me demande si le sèche-linge il est à condensation ou à évacuation, comme s'il y avait pas un moment où il fallait bien l'évacuer le linge, je vous jure. Là où ça a quand même été vraiment tendu avec l'expert en sèche-linge, c'est quand il a rappelé une heure plus tard pour nous expliquer que le sèche-linge en question, il avait l'air franchement HS - et lui franchement énervé par la même occasion. J'ai bien senti qu'il fallait faire un geste, sinon, ça ferait comme au bureau. Peut-être même avec une petite pointe de raffinement oriental en plus.
Et puis, c'est hier, peu après l'aube, qu'ils m'ont donné le coup de grâce. Un commando de déménageurs a soudain fait irruption sur le palier. Je dois dire que je les ai trouvés plutôt humanistes, dans un premier temps, ces types. Ils ont bien vu que j'étais pas bien réveillé. Du coup, ils sont redescendus prendre un café le temps que je comprenne ce qu'ils me voulaient - et moi, mal réveillé, donc ingrat, qui me dis : ah ben d'accord, ils m'ont l'air de se la couler douce dans cette boîte. Ça n'a pas raté : forcément, les types, en remontant, ils se sont vengés. C'est tout juste si j'ai pu sauver le lit pour le soir avec quelques valises dessus - et encore, il a fallu défendre mon troupeau de bagages pire que Charley Waite dans Open Range. La récompense, c'est que si tu t'en tires bien, le soir il y a Sue Barlow sur le retour de Londres qui te tombe dans les bras.
Tu parles d'un monde de brutes. Moi qui étais justement en train de m'attendrir la veille sur l'appartement que nous sommes en train de quitter, à Port Royal. Du coup, j'ai trouvé refuge au Lutétia, sous le portrait d'Hemingway. C'est un truc de blogomane, pas à cause du portrait mais du business center, que j'ai appris en lisant une interview d'Assouline. Et puis comme dit Hugo, "quand la nuit essaie de revenir, il faut allumer les lumières comme on rallume les flambeaux". Tout ça pour dire que le décollage approchant (c'est pour lundi prochain), ça risque d'être quand même un peu pertubé ces prochains jours par ici.
07:18 Publié dans La vie quotidienne au temps de Jacques Chirac | Tags : Casino, Abercrombie, Chirac, Shimon Perez, Hemingway, Assouline, Lutetia | Lien permanent | Commentaires (0)
09/04/2007
On n'a pas de chauffage, mais on a du gui
C'était en sortant l'autre samedi de chez Triadou, sur Haussman - une adresse découverte au radar faute de pouvoir se retrouver chez le petit italien de Madeleine, fermé pour les fêtes. Le cheeseburger est un plat fondamental du samedi midi pour week-ends à horaires indéfinis, et celui de Triadou tient la route (message en passant pour la cuisine : ce n'est pas la peine de planter un drapeau chinois dessus, même pour tenir ensemble les ingrédients, vu que ça perturbe, surtout avec une bière belge de Noël, et que le temps qu'on y réfléchisse, ça fait refroidir le plat ; le plus sage serait de renoncer à créer de la dissonance culturelle en tolérant un peu de jeu entre le pain et le steack).
Il pleut à grosses gouttes lorsqu'on en sort. On se réfugie sous un auvent. Passe une vendeuse de saison, du gui plein le panier. Elle s'arrête, nous en propose un bouquet sauvage. Moi (bien que plus attaché aux traditions qu'il n'y paraît), je ne comprends pas bien. C'est qui gui ? Des herbes provençales, de la colombienne, du muguet de chez Monsanto, ça se mange ?
Mais bon, on en prend quand même illico (ah ok, ça doit porter bonheur). Le prix ? " Cinq euros la botte". La vache ! C'est le London Metal Exchange ou le marché de Noël ? On dirait les cours du nickel, en plus élevé, avec deux heures de stock, la Chine qui découvre un nouveau milliard d'habitants cachés dans le Xinjiang, les Russes qui attaquent le Canada, le Brésil qui envahit l'Australie. Et la province Nord de la Nouvelle-Calédonie qui se prépare à attaquer la province Sud, le jour du Têt.
Mais que fait l'AMF ? m'interrogè-je. Non pas que je sois très regardant sur les prix - pas mesquin pour un sou, c'est vrai. M'enfin quand même. On s'en tire en demandant un plus beau bouquet, ça c'est de la négo. C'est comme pour les framboises au marché Mouffetard : c'est horriblement cher, mais on revient avec quinze barquettes, allez, quatre, dont la moitié décède de mort naturelle. Allez comprendre.
Et puis, lance Anny avec un sourire rayonnant : " On n'a pas de chauffage, mais on a du gui ! ". Ben gadon, comme disent les Bourguignons (un autre message, en passant, pour mon frère : on en reparlait le premier de l'An avec ton père, c'est vrai, il n'était pas mal du tout ce Gevrey-Chambertin l'autre jour, un peu dépouillé mais avec de la mémoire ; avec le temps pourtant, j'ai une préférence qui s'affirme pour les vins qui ont plus de concentration et de puissance, le Médoc plutôt que le Libournais, la Côte de Nuit plutôt que celle de Beaune. Egolf plutôt qu'Egloff aussi bien).
Après tout, vu qu'on n'a plus de chauffage, ça peut peut-être brûler ce truc, non ? En plus, ça fera des signaux de fumée pour le concierge et groupama immobilier - qui sont tous partis en vacances sans un mot, les lâches, pour ceux qui repasseraient entre deux escales dans les parages. Si ça se trouve, on passera pas l'année. On va nous retrouver cryogénisés comme dans Alien. Ils sont peut-être au courant d'un truc qu'on a raté entre la Pedrera et trois tapas, à se dorer sous le soleil catalan.
Et d'ailleurs, parlons-en des voisins : pour commencer une nouvelle guerre du feu, encore faudrait-il qu'ils se montrassent. Celui du dessous n'est pas là. Et celui du dessus refuse obstinément d'ouvrir. Il y a une ambiance chaleureuse et fraternelle dans cet immeuble, c'est émouvant. Et, comme si ce n'était pas suffisant, dès le 2, en dessous, ils se mettent à attaquer au marteau piqueur et à la masse. C'était donc ça. On aurait dit Utah Beach le matin du 6 juin 44. Comme personne ne leur a dit qu'on était dans le camp des Alliés, ma moitié est allée s'en charger comme un missile Tomahawk. Même pas eu le temps d'esquisser un semblant de mouvement de début de mission commandée (quelqu'un a revu le Soldat Ryan au fait ?). N'empêche qu'une minute plus tard on aurait dit qu'ils creusaient à l'aiguille à coudre, les gars du dessous.
Bonne année, tu parles.
On s'en fout, le gui, ça porte bonheur.
23:37 Publié dans La vie quotidienne au temps de Jacques Chirac | Tags : Triadou, nickel, LME, Groupama, La Pedrera, Côte de nuit, Eglof | Lien permanent | Commentaires (0)