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09/04/2007

Un brin de misanthropie (au Rosebud)

Je repense à une discussion assez vive avec Lazare, l'autre soir, au Rosebud, un pub d'un autre âge de la rue Delambre, où passèrent jadis Sartre et Duras - un des lieux où ça se mélange encore un peu... sans pour autant sombrer dans le style filles de joie au comptoir d'à-côté, où nous avons atterri un soir avec deux copines universitaires que je n'ai pas réussi à arrêter dans leur intellectuel élan.

Mettons de côté le fait qu'il y ait eu dans la vivacité des échanges, ce soir-là au Rosebud, disons, de mâles considérations dues au fait que Lazare - le patron du Smoke, un peu plus haut dans la rue -, à un moment, a senti lui échapper son harem, et notamment sa maîtresse qui, si j'ai bien compris, était à la fois avec lui et disponible. Ce qui n'avait pas l'air aussi évident pour Lazare, soit dit en passant. Et puis franchement, je dois dire qu'autant ça m'amusait avant, ces ouvertures, autant ça me laisse de marbre maintenant, avec même un soupçon de gêne humaniste lorsque ladite ouverture se croit obligée d'en passer par la tirade de service sur les limites naturelles de la fidélité, comme si je n'avais pas lu L'amour et l'Occident à vingt ans.

Si bien que, forcément, le premier sujet à sentir la poudre, a mis un peu d'ambiance - et nous voilà partis dans un frittage de comptoir assez sévère à propos des Etats-Unis. Est-ce mon départ proche ? Je supporte encore moins qu'avant les diabolisations à deux cents, surtout quand elles prennent une posture du genre "France, éternel pays des droits de l'homme" - ce qui nous a mené droit (avec quand même quelques virages) au pied du monument aux morts d'Ouvea, en passant par la poésie de Whitman et le problème de la consanguinité en Norvége.

Tout ceci a quand même fini par s'apaiser et, passé ce moment de corrida, nous avons devisé tranquillement avec Lazare de la triangulaire du PS et du sens de la vie. C'est là que je lui ai confié que je devenais parfois misanthrope - sceptique en tout cas sur la capacité des gens à engager, à travers le dialogue, une recherche commune de la vérité, au-delà des postures. Lazare en est resté baba, lui qui a tout appris avec les autres. Et a commencé à me regarder comme une sorte d'extra-terrestre. J'aime bien Lazare. Va falloir que je me surveille.

Cythère, tu parles (à propos de mon Mac)

" Mais vous êtes sûr qu'il n'y a plus de problème de compatibilité avec les PC ?" - " Non non, tout est ok" dit le vendeur, un type si bienheureux et détendu qu'on le dirait venu d'une autre planète; je me dis que ça doit être l'effet mac, une sorte de monde merveilleux auquel je vais, enfin, pouvoir accéder... J'aurais quand même mieux fait de prendre ma caisse à outils avec moi plutôt que de fantasmer comme un débile sur le ponton de ce nouvel embarquement pour Cythère, en souriant béatement à mon nouvel ami.

Me voilà donc parti avec mon mac tout neuf, beau comme un camion - belle bête, assurément - à la maison. Il en impose d'ailleurs très vite, sur son nouveau spot - un immense ancien bureau des douanes néerlandaises en Indonésie, ramené de Nouvelle-Calédonie et que, ô miracle, à la différence du lit resté lui à l'abandon quelque part dans un dépôt de la région parisienne faute de pouvoir entrer dans sa nouvelle demeure, un peu plus étroite il est vrai que la maison années 30 de la vallée des colons (vu d'ici, tu parles d'un nom de quartier), j'ai réussi à caser dans la chambre.

Et c'est là que les ennuis commencent. D'accord, je ne suis pas un pro de l'informatique, disons même tout net que je serai plutôt du genre carne, et, dans le "Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes", je me range plutôt du côté des "romantiques" que de celui des "classiques" - plutôt le clan des artistes que celui des bricolos pour faire court. Mais enfin, depuis lors, c'est une succession d'errances hagardes dans ce merveilleux nouveau monde, depuis les mots de passe qui coincent jusqu'à skype qui résiste (on dirait un nouvel épisode de Star Wars), en passant bien sûr par les présentations ppt complètement chamboulées... Un vrai bonheur. Et ça ne fait sans doute que commencer.

Il reste que cette machine est une véritable bombe (du moins quand on sait la maîtriser), comme un nouveau monde en effet à elle toute seule avec des possibilités - blog, poadcast, musique, créations diverses, mails, organisation, communautés... que je n'imaginais même pas. Reste plus qu'à se frayer un chemin, patiemment, dans cette jungle. Et tâcher 1) d'en ressortir 2) vivant et 3) sain d'esprit, si possible. C'est pas gagné.