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20/01/2009

De la supériorité du handball sur la couture

C'est Onesta, le sélecteur national déjà auréolé de la formation française, la première faut-il le rappeler à avoir donné à la France, en 1995, un titre collectif mondial, qui le dit à la veille des championnats du monde de handball qui se tiennent actuellement en Croatie :

" Le handball et le rugby sont des sports cousins, deux sports où le combat est important et la dimension collective indispensable".

Oui oui, il faut faire et refaire du handball, aller au contact, s'engouffrer dans les espaces, libérer la puissance, sentir les trajectoires, feinter, foncer, porter le collectif, tenir la défense, inspirer l'attaque !

Supériorité du handball sur le rugby, puisqu'il ajoute la précision à la puissance, à la couture pour la raison inverse, et à la politique aussi, finalement, peut-être pour une expérience incarnée du collectif.

En même temps tout cela, la tentation de faite sports-études et la fougue des gymnases, c'était avant Obama. Ce ne sera plus jamais pareil maintenant.

07/03/2008

L'art délicat du rond-de-jambe en dehors sous climat continental (1) Le problème avec le fuel

L'autre jour, en fin d'après-midi, je remarque une agitation inhabituelle devant la maison. Quoi, un attroupement ?

Qui a déclaré la guerre à qui ?
Quel Etat a été ravagé par la dernière tornade ?

Non... le président de la République française aurait encore fait des siennes ? - On peine à le croire. Car enfin, trop, c'est trop. Soit dit en passant, je ne comprends toujours pas pourquoi on ne pourrait pas commencer une phrase avec "car" ; enfin, je comprends, mais je n'accepte pas du tout cette règle : il me semble, mais c'est sans doute très personnel, que le "car" fait une attaque de phrase percutante, vous ne trouvez pas ? Quoi ! Tu ne trouves pas ?! Vas-y, vas-y, dis-le ! Carsse-toi, gros con, va.

Bon. Ça va mieux.
C'est vrai qu'à haut niveau, l'écriture sublime les pulsions, comme la politique les passions. Ou, aussi bien, la pêche les poissons, compte tenu du prix du fuel.

Du bas de l'escalier où je finis de m'équiper sobrement (toujours pas de pantalon de survêtement) pour un footing hivernal (ce qui est tout de même moins glacial à écrire qu'à faire), je vois que l'attroupement dépasse bientôt une personne.

Du jamais vu.

J'en vois deux puis, me penchant un peu en avant sur les marches, trois. Auxquelles s'ajoutent bientôt trois autres, des caniches miniatures, délicieusement vêtus de petits paletots bariolés, et qui semblent, eux aussi, très concernés par l'affaire. Puissent-ils juste éviter de se soulager sur le terre-plein devant la maison que nous avons laborieusement reverdi et je me montrerais d'une neutralité royalement bienveillante .

Pas comme l'autre fois quand, alors que je me garais, j'ai vigoureusement interpelé une passante que je venais de voir faire faire ses besoins à son fauve sur mon terre-plein. Mauvaise lecture du geste (il faudrait ici développer l'idée que nous avons dans la vie, et je ne parle pas ici seulement de la vie sexuelle, besoin de beaux gestes, de gestes élégants, harmonieux, justes, une sorte de poésie du droit au but comme le teckel repris de volée dans cette admirable publicité scandinave) : il y a, semble-t-il, sur le plan de la pratique défécatoire, des usages fort différents d'une race l'autre et je m'y suis bêtement trompé. La voilà offusquée, et moi misérable.

Mauvais pour mon image locale ?
- M'en fous.

J'ai en tête bien d'autres considérations en ce moment. Et puis ce qui m'intéresse, moi, c'est le monde, ce n'est pas du tout les municipales. Par exemple, je suis avec un vif intérêt la campagne présidentielle américaine, mais j'avoue ne pas m'être penché deux secondes sur la réélection de Truc Coleman, le maire de Columbus l'automne dernier (il a une tête d'escroc et en plus il a l'air tout à fait nul, ce type). Et, pour ce qui est de la France, qui fait tout de même partie du monde, je ne fais exception que pour quelques grandes villes, et encore, essentiellement par amitié pour Alain Juppé, que je connais bien depuis 1995 surtout, et que j'ai appris à apprécier depuis que je sais que, lui aussi, il a essayé de faire croire que l'on pouvait faire des choses sérieuses au Canada - ah, ah ! Alain, si tu me voies en ce moment sur macabanaucanada.com, sois indulgent pour la photo avec l'ours... Salut à toi mon grand !

Oh putain. Je sens que ça me reprend.

Il faut dire aussi que trois attentats à la crotte de chien sur ledit terre-plein ces derniers jours m'avaient mis les nerfs à vif.

On le serait à moins.

Me voilà donc équipé pour cette nouvelle folle course sous la neige. Quel kamikaze je fais tout de même. L'autre jour, c'était sous une pluie dense et froide ; obligé de jeter l'éponge finalement au cinquième kilomètre, devant des automobilistes mi-intrigués, mi-rigolards qui traînaient un peu aux stops des angles du parc pour s'assurer que c'était bien un être humain qui courait sous ce déluge. Et pas un Mexicain, un Irakien - ou un Britannique par exemple.

Mais là, le courage impose d'abord de fendre la foule avant d'affronter les éléments. Se lancer dans l'inconnu. Aller à la rencontre de ce groupe aussi massif qu'hostile.

Les salauds. Si ça se trouve, ils veulent me passer à tabac, comme dans la rue d'à-côté, souviens-toi, l'été dernier.

Je sors quand même.

04/03/2008

Obama's Ohio Tornado

Nous voilà à la veille du scrutin décisif de l'Ohio. La journée a été magnifique, annonciatrice du printemps qui guette après avoir été si longtemps bloqué par des températures oscillant entre - 5° et - 15° et les épaisses couches de neige de l'hiver.

D'un coup ici, les gros paletots n'étaient plus de saison et le cèdaient témérairement aux tee-shirts. C'est comme si la vie commençait à s'ébrouer de nouveau. Pour le moment du moins : les vingt degrés de plus accumulés aujourd'hui auront disparu aussi sec demain matin. Aussi sec ? Voire : ce sont des trombes de pluie qui sont annoncées pour cette nuit et que l'on sent déjà poindre au loin, aux environs de minuit.

Dans la rue cet après-midi, au retour d'un déjeuner tardif et rapide chez Brown Bag, je croise, au carrefour de Kossuth et Mohawk, juste devant la gargote du coin, une vieille dame distinguée et malicieuse que je connaissais de l'association des jardins de German Village. Elle promène une petite boule de poils blanche aussi minuscule que joueuse, Noodle, son nouveau protégé de deux mois qui revient d'une de ses premières sorties au parc.

Nous devisons. Elle porte un petit badge en faveur d'Obama et me parle avec beaucoup de douceur. Son enthousiasme, que les chroniqueurs politiques attribuent d'ordinaire à la jeunesse américaine, est réjouissant (celui de Noodle aussi, mais davantage semble-t-il rapport avec le grattage de ventre dont on le gratifie qu'à l'électon qui approche). Elle aurait dû, selon toute hypothèse, voter pour Hilary ("she is the brain" lui rend-elle malgré tout hommage) - voire pour Huckabee, si elle avait penché pour les Républicains.

Mais non. Obama est au-dessus de la mêlée et elle a foi en sa réussite. Lui qui a prêché tous ces derniers jours dans les terres du Midwest, on le dirait en effet porté par un côté rédempteur... après huit années de catastrophe lâche-t-elle, affligée autant par les dégâts à l'intérieur du pays que par l'effondrement de l'image de l'Amérique à l'étranger.

Réjouissant, oui - et symptomatique de la campagne du sénateur de l'Illinois qui, partout où elle passe, fait bouger les lignes et donne surtout le sentiment de réunifier l'Amérique en un nouvel élan. "It's here, it's now, it's us : Vote" proclame encore une affichette universitaire bien en vue à l'entrée de la laundry, derrière, sur Third Street. Voici, de part et d'autre de la rue, la vieille dame et le bel âge réunis.

Moi-même, entre deux, je n'ai pu m'empêcher de ramener d'une déambulation nocturne hier une petite pancarte "Obama 2008 - Vote March 4th !" - pour la mettre bien en évidence sur le terre-plein devant la maison. Juste devant l'entrée des vieux réacs d'à-côté.

Normalement, les tornades ne remontent jamais aussi haut du sud. Pour ce qui est du climat en tout cas.

07/01/2008

Bruce Lee, Obama (Huckabee) et moi (3) Le retour du dragon (et de Chuck Norris par la même occasion)

Enfin, fuir : non (j'ai toujours eu du mal à tirer les leçons du passé, ça finira par me perdre dans le futur). Et mourir ? Vu comment il assure en karaté l'autre teigne là : peut-être quand même que ce serait difficile de passer au travers le zigouillage pour de bon ce coup-là.

Sous le regard dubitatif des passants, qui ne pouvaient pas comprendre vu qu'ils avaient raté l'épisode précédent, je me suis donc mis en garde à mon tour, me suis déplacé de droite à gauche, ai fait craquer quelques cervicales - c'est un truc de karateka qui impressionne toujours, et que j'ai gardé pour les matins de torticolis, enfin surtout quand le torticolis est passé en fait, sinon ça coince douloureusement, comme quand cette espèce d'abruti de kiropracteur de Val Plaisance s'acharnait à me passer la numéro 23, ou la 37 je ne sais plus, alors qu'il voyait bien que c'était aussi coincé que le pouvoir d'achat à Marolles en Hurepoix, ce qui fait d'ailleurs que les arts martiaux sont très développés dans cette petite commune moche comme tout.

J'ai donc défié Bruce Lee.

Mais non : rien. Il était tout simplément pétrifié. On aurait dit une vraie statue. Il n'y a pas eu de combat du coup. C'est là qu'on voit bien que La fureur de vaincre, c'était que du cinoche. Je ne dis pas que j'étais très fier de cette victoire, qui consacrait plutôt la faiblesse de mon adversaire que ma maîtrise des arts martiaux, mais enfin, une vieille névrose se dénouait, enfin - forcément avec un peu de tristesse, on s'attache.

Le pire avec tout ça c'est qu'en rentrant, et cela malgré les avertissements répétés de Zach Manifold, le patron des Démocrates du coin, j'ai fini par rater le meeting d'Obama au Convention Center de Columbus.

Quel con quel con quel con ce n'est pas possible d'être aussi con.

Juste avant le Cauca de l'Iowus, en plus.

Battre Bruce Lee à plates coutures, être soudain libéré de mes fantômes, voir s'ouvrir alors de nouveaux horizons et pouvoir notamment apporter mon soutien actif (ainsi que quelques conseils stratégiques) à Barack pour son meeting à la maison, et passer à travers, non mais, je vous jure...

Je me demande s'il y a vraiment lieu à commenter plus avant cette histoire - débile, et voilà tout. Ce serait un peu comme imaginer qu'en face, Chuck Norris, l'adversaire historique de Bruce Lee (dans La fureur du dragon notamment) apporte son soutien à Mike Huckabee et que celui-ci sorte vainqueur du premier scrutin dans le Midwest.

Il y a tout de même des limites à la connerie, vous ne trouvez pas ?

05/01/2008

Bruce Lee, Obama et moi (2) La multiplication des pains peut toujours en cacher une autre

Finalement, c'est à Hong-Kong qu'a eu lieu la confrontation. Ça s'est passé sur l'avenue des Stars, en octobre dernier, sur la promenade, devant l'hôtel. Tout à coup, je me suis retrouvé face à lui. Il était déjà en position, manifestement agressif - vous savez avec ce petit sourire méchant, en coin, et cette sorte de feulement de la mort qui l'accompagne et qui vous paralyse rien qu'en souvenir - immense, là, au milieu des badauds.

Je n'ai pas reculé. Je ne pouvais pas. Tout seul, je ne dis pas que je ne me serais pas enfui discrètement dans le mall à côté acheter, je-ne-sais-pas moi, un slip, une perruque ou une paire de Ray-Ban. Mais là, non, ça aurait fait lâche genre : "Ah d'accord, tu provoques en faux, mais quand après c'est en vrai, il y a plus personne". On n'imagine pas le nombre de types qui sont morts pour faire le beau - moi-même, plusieurs fois, ça ne m'est pas passé loin.

Comme une fois devant le collège Fontenelle en revenant du lycée Jeanne d'Arc, abrité de la pluie sous un porche, avec la belle Claude : le premier qui était venu nous emmerder, j'avais fini par me le faire. C'est avec le deuxième, le boxeur qui m'a tapé sur l'épaule, que j'ai moins sympathisé.

Ça avait pourtant bien commencé avec son : "Eh, t'as fait quoi à mon pote, toi ?". Une entrée en matière un peu rugueuse, mais enfin une amorce de dialogue. Le truc, c'est que je n'ai pas eu le temps de répondre. Après, ça a fait un peu la même musique que le récit de Joe Pesci au restaurant dans Goodfellas : bim bam bom, etc. Enfin tout de même : je me demande si le quarante-troisième bourre-pif était vraiment nécessaire. C'est comme l'épisode de la multiplication des pains (Matthieu 14, 14-21) : il y a un moment où on voit bien que tout le monde est rassasié, mais non, il faut qu'il continue l'autre, tout ça pour faire le malin.

Résultat, le lendemain, elle m'abandonne en disant que sa tête ne tournait pas rond, tout ça. Ben et moi, avec ce que je m'étais pris la veille, j'allais bien dans ma tête au carré peut-être ? Sacrée Claude, va. D'ailleurs, franchement, avec un prénom pareil, je ne dis pas que c'est pire que Bernard par exemple, mais il aurait tout de même fallu que, malgré la compétition de baby-foot qui redoublait d'intensité à la Tonne et le bac de français qui approchait à grands pas, je te trouve un petit nom vite fait ma cocotte. "Clodette" peut-être. Sinon, il y a Monica que j'aime bien aussi.

Bref. Ce coup-ci : non.