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04/03/2008

Obama's Ohio Tornado

Nous voilà à la veille du scrutin décisif de l'Ohio. La journée a été magnifique, annonciatrice du printemps qui guette après avoir été si longtemps bloqué par des températures oscillant entre - 5° et - 15° et les épaisses couches de neige de l'hiver.

D'un coup ici, les gros paletots n'étaient plus de saison et le cèdaient témérairement aux tee-shirts. C'est comme si la vie commençait à s'ébrouer de nouveau. Pour le moment du moins : les vingt degrés de plus accumulés aujourd'hui auront disparu aussi sec demain matin. Aussi sec ? Voire : ce sont des trombes de pluie qui sont annoncées pour cette nuit et que l'on sent déjà poindre au loin, aux environs de minuit.

Dans la rue cet après-midi, au retour d'un déjeuner tardif et rapide chez Brown Bag, je croise, au carrefour de Kossuth et Mohawk, juste devant la gargote du coin, une vieille dame distinguée et malicieuse que je connaissais de l'association des jardins de German Village. Elle promène une petite boule de poils blanche aussi minuscule que joueuse, Noodle, son nouveau protégé de deux mois qui revient d'une de ses premières sorties au parc.

Nous devisons. Elle porte un petit badge en faveur d'Obama et me parle avec beaucoup de douceur. Son enthousiasme, que les chroniqueurs politiques attribuent d'ordinaire à la jeunesse américaine, est réjouissant (celui de Noodle aussi, mais davantage semble-t-il rapport avec le grattage de ventre dont on le gratifie qu'à l'électon qui approche). Elle aurait dû, selon toute hypothèse, voter pour Hilary ("she is the brain" lui rend-elle malgré tout hommage) - voire pour Huckabee, si elle avait penché pour les Républicains.

Mais non. Obama est au-dessus de la mêlée et elle a foi en sa réussite. Lui qui a prêché tous ces derniers jours dans les terres du Midwest, on le dirait en effet porté par un côté rédempteur... après huit années de catastrophe lâche-t-elle, affligée autant par les dégâts à l'intérieur du pays que par l'effondrement de l'image de l'Amérique à l'étranger.

Réjouissant, oui - et symptomatique de la campagne du sénateur de l'Illinois qui, partout où elle passe, fait bouger les lignes et donne surtout le sentiment de réunifier l'Amérique en un nouvel élan. "It's here, it's now, it's us : Vote" proclame encore une affichette universitaire bien en vue à l'entrée de la laundry, derrière, sur Third Street. Voici, de part et d'autre de la rue, la vieille dame et le bel âge réunis.

Moi-même, entre deux, je n'ai pu m'empêcher de ramener d'une déambulation nocturne hier une petite pancarte "Obama 2008 - Vote March 4th !" - pour la mettre bien en évidence sur le terre-plein devant la maison. Juste devant l'entrée des vieux réacs d'à-côté.

Normalement, les tornades ne remontent jamais aussi haut du sud. Pour ce qui est du climat en tout cas.

10/09/2007

Persoweb : lettre aux (é)lecteurs

Je publie ici, pour mémoire, une note un peu fantaisiste (d'où le déménagement) initialement parue sur "New world,new deal" à l'occasion de la nomination de ce dernier blog pour le concours Persoweb organisé par Le Soir et RTL, alors que le président de la République venait de rendre publique sa "lettre aux éducateurs".


Madamemonsieur,

Avec un jour de retard sur la date que j'avais initialement prévue - mais bon, je vous le dis sans détour, il fallait vraiment qu'on sème la pelouse aujourd'hui vu qu'on reporte ça depuis le printemps -, je saisis l'occasion de la rentrée, la première depuis que je suis aux Etats-Unis d'Amérique, pour vous écrire.

Je souhaite vous parler de l'avenir de nos relations. Cet avenir, il est entre les mains de chacun d'entre vous qui avez en charge de choisir, de sélectionner, de protéger l'esprit et la sensibilité qui, certes, ne sont pas encore complètement formatés, qui n'ont pas atteint leur pleine maturité (oui bon ça va), qui se cherchent, qui sont encore fragiles, vulnérables (il est lourd des fois lui aussi) - mais bon en même temps aussi très forts dans leur tête (non mais).

Ah, qu'il faut en traverser des épreuves Madamemonsieur, des fois, je vous jure quand on voit que dans son propre courrier il y en a qui vous tirent dans votre propre pied sous votre propre plume, et aussi que dès qu'on a le dos tourné, il n'y a plus personne qui vote pour vous.

Vous avez la responsabilité d'accompagner l'épanouissement de ses aptitudes intellectuelles, de son sens moral - et, pour ce qui est de ses capacités physiques, si quelqu'un sait comment on peut surmonter les crampes au-delà des 20 km, qu'il m'écrive. Cette responsabilité n'est pas si lourde que ça, quand on y pense, mais elle est des plus belles et des plus gratifiantes - et d'abord pour vous car, je vous le dis, Madamemonsieur, ma victoire, ce sera la victoire d'une équipe qui gagne.

Et une équipe-qui-gagne qui perd, ça ne s'est jamais vu.

Ou alors à la dernière coupe du monde de foot, mais bon, alors là, si on se met à insulter ses adversaires et leur famille aussi, où on va, hein, je vous le demande ? Question sens moral dont je viens justement de parler, on a bonne mine après.

Non, Madamemonsieur, aider mon intelligence, ma sensibilité à s'épanouir, à trouver leur chemin - comme par exemple l'autre jour après le festival grec -, quoi de plus grand et de plus beau en effet - et aussi de plus pratique, après le festival grec ? (Soyons clair : je n'ai rien contre les Grecs et d'ailleurs, même si c'était le cas, je ne pourrais guère, dans ma position, en faire état. Tant de culture. Et tellement d'incendies en ce moment, en plus. Mais bon, si, dans le vin résiné, ils pouvaient mettre un peu plus de vin et un peu moins de résiné, ça détendrait quand même tout le monde et on retrouverait plus facilement son chemin après, comme je dis dans ma lettre).

Quoi de plus difficile aussi ? Mouais, bof. Je l'ai écrit, je l'ai écrit ; mais je ne suis pas persuadé que ça soye super dur non plus, il ne faut tout de même pas exagérer. Car à côté de la fierté de voir le nombre de votes grandir, les commentaires et les jugements s'affirmer, à côté du bonheur précieux - et aussi, là d'accord : fragile et vulnérable - de cliquer sur lui, il y a toujours la crainte de se tromper, de brider un talent, de freiner un élan, d'être trop indulgent ou trop sévère, de ne pas comprendre ce que ce brave type, au fond, porte lui-même, comme par exemple les lourds sacs de graines et d'engrais ce matin, ce qu'il éprouve quand il sème, et la pelouse qu'il est bien capable de réussir à faire sortir de terre, le bougre - du moins, si les oiseaux veulent bien arrêter de bouffer les graines et les écureuils de creuser des trous.

Je ne le répéterai pas deux fois.

Eduquer c'est chercher à concilier deux mouvements contraires : celui qui porte l'écureuil à trouver sa noisette et celui qui pousse à lui inculquer que, faire des trous partout, franchement, ça rien de juste, beau et vrai. Et ce n'est pas la peine d'avoir lu Platoon pour en arriver à cette conclusion.

Une exigence s'impose au lecteur face au blog qui grandit, celle de ne pas étouffer son développement sans renoncer à lui faire part de vos commentaires. Chaque blog, chaque post a sa manière propre. Savoir ou le trouver était placé au-dessus de tout - oui bon, il ne faut pas pousser non plus. Cette relation a sa grandeur. Exigeante et rigoureuse, elle tirait, et elle tire encore, vers le haut, elle amenait, et elle amène encore, je ne sais pas si c'est malgré soi, mais c'est à se dépasser en tout cas.

L'exigence et la rigueur de cette relation en faisaient un puissant facteur de victoire au Persoweb.

Beaucoup de blogueurs néanmoins souffrent et se trouvent exclus des bienfaits du vote. Ce n'est pas parce qu'ils manquent de talent, ni parce qu'ils sont incapables d'apprendre et de comprendre, mais parce que leur sensibilité, leur intelligence, leur caractère se trouvent mal à l'aise dans les malheureuses voix que l'on veut lui attribuer à ce blog - une misère, Madamemonsieur.

Mais bon, Madamemonsieur, vu qu'il est quand même tard, que j'ai aussi beaucoup de travail demain à cause du retard lié à la pelouse qu'on ne pouvait pas reporter aujourd'hui et aussi des formalités administratives à préparer avant mes prochains voyages, je vais être obligé de reprendre demain ou plus tard ma lettre d'hier et de faire une petite parenthèse parce que, si je ne compte que sur mon premier projet de lettre, on n'est pas couchés.

Je me vois donc contraint de revenir quelques instants sur le concours "Persoweb" dont je vous ai parlé l'autre jour. Naturellement, si j'y reviens au risque disons d'une certaine lourdeur de style, c'est parce que même sans partager l'intimité de chacun d'entre vous tous les jours, je sais bien que vous avez tous, ou presque, déjà oublié. Ce n'est donc pas de gaité de coeur, croyez-moi. Surtout depuis que j'ai découvert les commentaires. Oh, ce n'est pas qu'ils soient désagréables ces commentaires, au contraire Madamemonsieur, c'est plutôt à cause des courants d'air entre les commentaires.

Vu que, globalement, c'est un peu chétif comme nombre de commentaires. Et je ne dis pas ça que pour Persoweb, même si c'est ma préoccupation du moment et que c'est pourquoi j'ai voulu vous écrire une lettre à votre domicile.

Et pourtant, Madamemonsieur, vous pouvez encore tout faire basculer. Jusqu'au 7 septembre - et remarquez bien, Madamemonsieur, qu'on est déjà le 5 -, vous pouvez attribuer un vote par jour - oui, par jour -, au blog de votre choix.

Par exemple : New world.

Ou sinon New deal.

Je ne suis pas fermé non plus. Je serais même le seul de ma catégorie à offrir une vraie alternative. Ah certes, j'entends déjà les beaux esprits protester. Mais c'est à tort : on peut très bien - new world - avoir un nouveau monde, mais sans aucune perspective nouvelle. Ou - new deal - un nouvel élan, mais toujours dans le même vieux monde.

L'enfer, quoi.

Eh bien, New world, new deal, c'est à la fois l'alternative et la synthèse. Un truc, en somme, à rendre fou le parti socialiste.

J'espère donc, pour ma part, qu'il y a plus de votes que de commentaires sur Persotruc, sinon je vais être obligé de me terrer sous la blogosphère, à l'étranger, pendant plus longtemps que prévu, les amis. Peut-être même pendant de longues décennies. Car enfin, le type qui reverrait sa normandie comme ça et qui n'aurait même pas gagné le concours Persoweb, entre nous, de quoi il aurait l'air à parcourir à cheval toute la côte de Cherbourg à Dieppe au retour, dédaigné de tous et seulement acclamé par les flots ?

Serait-il même décent qu'il rentrât au pays, même plus tard, le type ? Non, naturellement. Ou alors, c'est comme dans Braveheart, et alors là, pas de quartier les gars. Je ne menace personne : j'essaie juste d'anticiper sur un possible enchaînement des faits quand viendra l'heure de la reconstitution. Et alors là, Madamemonsieur, il sera trop tard pour dire qu'on ne savait pas.

Bref, j'en reviens à la fin de ma lettre.

Le temps de l'élection est venu. C'est à cette élection que je vous invite. Nous avons déjà trop tardé.

Surtout vous, Madamemonsieur.

Sacré Madamemonsieur, va.