Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/04/2007

Fin de partie (6) Vous, les femmes...

Quelle décennie !

Pour le groupe d'abord : que de chemin accompli par Eramet ces dernières années, dans son développement, dans sa cohésion aussi. Des difficultés de 2003 à l'essor d'aujourd'hui, quel retournement, et que de défis pour la communication pour tâcher d'accompagner au mieux cette aventure, de valoriser nos atouts sans méconnaître nos faiblesses, de porter une image qui reflète notre esprit de conquête et d'alimenter une dynamique qui témoigne de notre volonté d'aller de l'avant.

Il y eut aussi la passion de défendre l'entreprise lors des crises que nous avons traversées. Je le dis sans légèreté pour ceux qui y ont été confrontés sur le terrain, et avec respect pour ceux avec lesquels nous nous sommes affrontés à la loyale : je les considère ces crises, depuis mon arrivée dans le groupe, comme un terrain de relations et d'actions privilégié, si l'on veut bien considérer qu'elles contiennent souvent en germe, au-delà des tensions qu'elles créent sur le moment, de remarquables opportunités de progrès pour la suite.

Et puis, y compris dans les crises, l'humour m'a toujours semblé un bon indicateur du plaisir à se côtoyer et à travailler ensemble.

Pour moi aussi, cette décennie a été singulière, en durée comme en âge. Dix ans, c'est d'abord une rupture avec les expériences, beaucoup plus brèves, qui ont précédé. J'ai longtemps préféré les décollages aux atterrissages, et cela ne va pas sans une certaine difficulté à se poser. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir vu du pays ces derniers temps. Par la diversité des cultures qui y sont représentées sur les cinq continents, notre groupe est un petit concentré de monde à lui seul - et ce n'est pas là son moindre intérêt. J'ai été engagé en Nouvelle-Calédonie, séduit par la Norvège, curieux de la Suède, passionné par le Gabon, intrigué par le Japon, fasciné (comme tout le monde) par la Chine, attentif bien sûr aux sites français et, comme on sait, intéressé de près par les Etats-Unis.

De 30 à bientôt quarante ans, tant pis si le terme est aujourd'hui un peu galvaudé, j'ai aussi grandi avec le groupe. Je m'en sens fier, et aussi plus solide - assez diffférent du jeune blanc-bec que j'étais en arrivant en 1997, avec son statut de diplomate et ses costumes trois-pièces. Je repense à ce propos au mot de François Bayrou : "J'ai longtemps été un jeune conformiste. Et sans doute formiste était-il de trop".

Je n'ai certes pas corrigé tous mes défauts - il y faudra bien encore quelques décennies de plus -, mais j'ai appris deux ou trois principes fondamentaux. J'en retiens trois : toujours être concret, enraciner sa réflexion sur le terrain, et ne jamais trop s'en éloigner sauf à prendre le risque de commencer à raconter des bêtises ; avoir le souci constant de la bonne gestion : au-delà de la contrainte, elle oblige à être inventif et elle est toujours un aiguillon pour faire mieux. Et puis, il y a aussi cette idée, essentielle à mes yeux, qu'il est toujours possible chez nous d'apporter un autre regard et, plus encore, de construire quelque chose de neuf, à condition de le faire en équipe, et de le porter avec suffisamment de ténacité.

On dit de la culture que c'est ce qui reste quand on a tout oublié. Eh bien, je crois que l'on pourrait dire la même chose des aventures qui nous ont liées tout au long de ces dix dernières années. Elles font désormais partie de mon paysage personnel au-dessus duquel, je dois bien le reconnaître, il arrive aussi que ça fume un peu - c'est mon côté Eramet.


Synthèse et conclusion du n+1 : "C'est quand même un peu fantaisiste, je trouve, par moments, cet entretien annuel... PS: Je fais vite : Catherine me fait relire pour demain matin le rapport annuel, un dossier sur Reach, Eramet Info, Eramet News, Verba'team, Eramet Repères, le Point mensuel, Focus et le dernier Vogue (elle a dû confondre avec L'usine nouvelle).

Commentaire du n+2 : " J'en parlais encore avec Jacques hier. J'ai eu les résultats de l'étude confidentielle sur le sujet dont nous avons parlé. Jacques m'a dit : "Je m'en occupe, les femmes, c'est le boulot du président. Occupe-toi de tes chantiers Leaders...".

Catherine (executive woman) a ajouté : "J'ai fini le compte rendu du dernier Comex. J'ai fait l'ordre du jour du prochain, j'ai pensé que ça pourrait être utile, non ?"

Albane (l'assistante du président) a précisé : "Oui, très bonne idée !".

Ariane (l'épouse du président) a conclu : " Où est-ce que je signe?"

Quand je vous disais que côté féminisation, on n'en est qu'au début. C'est en tout cas la fin de ces élucubrations.


Et là, il y a ma femme, de passage à Paris avec une bande d'américaines, qui enchaîne : " On ne va pas finir par rater l'avion darling, avec ces histoires ?".

Pour moi non plus, les gars, c'est pas parti pour s'arranger.

Fin de partie (5) La quarantaine rugissante

Mise en oeuvre des valeurs du groupe : parmi nos sept valeurs, l'une me semble particulièrement essentielle pour la communication : la capacité à se remettre en cause, y compris d'ailleurs par un changement de métier. C'est d'ailleurs le sens complet que nous avons donné à cette valeur dans sa formulation complète : remise en cause professionnelle et mobilité.

Il n'est pas mauvais, inversement, que des gens qui viennent d'autres horizons, y compris des opérationnels, puissent également prétendre au cours de leur carrière ce type de fonction - de même pour les ressources humaines ou d'autres rôles fonctionnels - , dès lors qu'ils en manifestent l'envie et y ont démontré quelque aptitude ; la technique vient en cours de route, elle n'est ni le plus difficile, ni le plus fondamental. Les organisations ont, me semble-t-il, beaucoup à retirer de cette polyvalence, et beaucoup à faire pour la faciliter.

Certes, le sens de la remise en cause n'implique pas forcément d'aller couper des arbres dans l'Ohio. Il ne s'agit pas non plus d'entrer dans une sorte de révolution permanente, qui va au rebours de l'exigence de clarté et de continuité à laquelle il nous faut au contraire nous tenir pour répondre au besoin de repères des gens. La simplicité, celle qui ne méconnaît pas la complexité des sujets mais s'astreint à la pédagogie qui permet de la partager, est un art difficile, mais nécessaire.

Cela commande cependant de se reposer très régulièrement les questions de base de la fonction, et de s'efforcer de leur apporter des réponses inventives en prenant, dans toute la mesure du possible, plaisir à l'exercice de son métier.


Jacques Bacardats rappelait tout à l'heure que j'allais vivre deux choses difficiles en 2007 : quitter Eramet d'abord, avoir quarante ans ensuite... De ce côté-là, tout allait à peu près bien, jusqu'à ce que je tombe sur un article de L'Expansion l'autre jour intitulé: "40 ans, redonnez-vous de l'élan" (cf la note : Zénitude, le problème avec la quarantaine). On y parle de "questions dérangeantes", de "transition professionnelle délicate", voire "d'angoisse existentielle" et, pour couronner le tout" de "middlescence aiguë", contraction de middle age et adolescence... Bref, "quarante ans, c'est l'âge où la maturité fait craindre la calcification", rien de moins

A nos valeurs de référence, Sandouville a ajouté le respect, Moanda l'enthousiasme ; eh bien - je ne suis plus à ça près -, moi, je prends la décalcification.


Mobilité et évolution professionnelle : il n'est pas besoin d'y revenir ; elle sera pour moi à la fois géographique et fonctionnelle (comme s'il ne suffisait pas de s'atteler à un problème à la fois).

Avis et proposition du n+1 : pour une fois, essayez de ne rater ni votre train, ni votre avion.

Avis et proposition du n+1 concernant une évolution professionnelle en dehors de tout projet de mobilité (élargissement des tâches, etc) : si par malheur vous le ratiez quand même, cet avion, j'ai pensé à quelques nouveaux défis pour vous dans le but d'améliorer notre image de façon très concrète : laver les carreaux de la tour (ça vous dirait, le comité de pilotage de la nacelle ?), ou sinon un petit mi-temps très sympathique comme hôtesse d'accueil.

Commentaire du salarié : c'est Michel Beaudout qui me faisait part l'autre jour d'un proverbe chinois : "Celui qui sait d'où il vient, il saura toujours y retourner".

Mais, dans ces conditions, vous comprendrez, Monsieur le Président, que le projet mérite tout de même réflexion.

Fin de partie (4) A l'Ouest (les psys, c'est pas que pour les chiens)

Objectifs pour l'année à venir : il y a en gros trois façons d'aborder le sujet.

La première est la plus simple : comme l'année en question se termine, dans mon cas, le 31 janvier, c'est-à-dire dans trois jours (pm. à la date du 26 janvier : le passant aura remarqué par ailleurs qu'il s'agit là de la version longue de ce mot de départ...), je propose de me fixer pour objectif essentiel de ranger mon bureau avant de partir ; accessoirement, d'étouffer au fond de l'armoire quelques cadavres qui pourraient encore traîner ça et là.

Commentaire du salarié : on croit ranger des kilos de dossiers quand ce sont des souvenirs vivants que l'on manipule.

Ajout du n+1 : ne comptez tout de même pas trop sur la prise en compte de cet objectif pour votre bonus.

Sinon, pour les cadavres, c'est pour rire ?

La deuxième consiste à vous donner une idée rapide des futures activités de consultant que je poursuivrai (en espérant tout de même pouvoir les rattrapper) étant entendu, Brigitte et Olivier en particulier en savent quelque chose pour avoir accompagné cette réflexion tout au long de ces dernières semaines, qu'il a bien fallu, chemin faisant, faire le tri entre de nombreuses envies. Le résultat est que je m'en vais me consacrer à deux activités principales aux Etats-Unis, moyennant un aménagement de visa qui reste à obtenir des autorités américaines (voir la note: Agence nationale pour l'expatriation).

L'une sera une activité de conseil en management et communication, s'adressant principalement à des filiales américaines de groupes français à partir de sujets que j'ai un peu pratiqué, notamment chez Eramet : accompagner les équipes et les individus dans les projets de changement, gérer les crises, aider les équipes pluriculturelles à mieux travailler ensemble, mettre en relation interlocuteurs français et américains.

L'autre consiste en une activité de veille prospective qui vise à apporter à des agences, des thinks tanks, des cabinets ou encore des medias, analyses et études sur de nouvelles tendances sociétales, de nouvelles pratiques managériales, des business émergents ; elle intègrera aussi une activité d'intelligence économique. Il s'agira d'être à l'affût de toutes les idées nouvelles intéressantes. Les contacts pris en ce sens tout au long de ces dernières semaines sur ces sujets me semblent à cet égard plutôt encourageants.

La troisième façon d'aborder le sujet, c'est un plan B, un peu plus rustique, dans le cas où les pistes qui ont précédé aboutiraient à un lamentable échec.

Je pourrais ainsi apprendre à couper des arbres. Après avoir montré de quel métal j'étais fait, il ne me resterait plus en somme qu'à démontrer de quel bois je m'en vais me chauffer - et, dans un pays qui est en ce moment à peu près aussi chaud que mon expertise en pyrométallurgie est reconnue, on aurait tort de prendre l'expression au deuxième degré. Restons pourtant raisonnable quant aux critères de mesure : un sequoia en 2007 ; puis, doubler l'objectif en 2008 en évitant d'exploser le taux de fréquence des cloques (oui, j'opte pour la hâche, à l'ancienne : déjà au Quai, vu comment je tapais sur mon clavier, on m'appelait le bûcheron). Commentaire du salarié : étudier partenariat possible avec Erasteel sur des scies bi-métal ; faire tout de même diversion pour éviter de se farcir la VEA.

PS : Si trop de problèmes, regarder aussi l'intérêt de parler aux arbres. J'ai connu un drh qui m'y encourageait (une mauvaise passe entre deux négos, sans doute). Et puis l'autre soir, à l'occasion d'un check-up avec mon médecin (tout est ok, j'ai juste une petite dizaine d'examens à faire pour m'en assurer), et comme je lui rappelai que j'avais une rupture des ligaments croisés antérieurs suite à une descente à la Alberto Tomba sur les pentes du Tyrol (tralalaïtou, tu parles), voilà qu'il se met à me suggérer de parler à mon genou. Je lui fais répéter, au cas où. Il confirme. Ça doit être une sorte de secte à deux branches - ceux des arbres, et ceux du genou. Si ce genre de propositions malhonnêtes se confirmait sur place, étudier la possibilité d'un contournement par les Mormons, en se renseignant bien sur le mode de recrutement en vigueur chez ces gars-là ; si c'est comme chez Eramet (10 entretiens en 10 mois, genre t'as le temps de mourir de faim), renoncer, et se concentrer sur le bûcheronnage.

Autre piste : docker sur le Lac Erié. Un bon boulot, ça aussi. Bertrand me disait l'autre jour qu'il y a une piste sérieuse côté logistique dans les parages, vers le nord. Je ne sais toujours pas s'il m'a sorti ça par hasard dans une conversation par ailleurs du plus haut intérêt géopolitique (...) ou si, après m'avoir observé de près pendant ces quatre dernières années, c'est la conclusion désespérée à laquelle il aboutit quand il se demande ce que je pourrais bien faire de ma vie. Commentaire du salarié : possibilité d'activité complémentaire de patinage artistique pendant la période des grands gels.

Dans les deux cas, être bien conscient que ce sera un challenge.

Sinon, peut-être pourrais-je aussi me lancer à la pointe nord-est de la corn belt dans la culture du maïs. Objectif: sortir au moins un épi de maïs de terre (éventuellement avec deux ou trois salades) pour le plan d'action 2007-2008. Commentaire du salarié : eh bien, dans le cadre de la valeur sens du client, le salarié, il regrette qu'Aubert & Duval n'ait pas pensé à une ligne tracteurs : c'est bien gentil les avions et les fusées les gars, mais les trucs terre-à-terre, ça peut aussi servir ; c'est pas que ça aime pas voler, le fenouil, je dis pas ça, m'enfin bon, s'il faut aussi que je m'occupe de lancer une étude de marché sur les patates, on n'est pas sorti de l'auberge non plus. Autre commentaire : pareil, je trouve navrant que le CRT n'ait pas pensé à développer un département agronomie ; des fours, des fours, oh ! y a pas que ça dans la vie non plus les enfants ; d'ailleurs, on est bien avancé si on a des fours et pas de patates, c'est franchement n'importe quoi ce groupe, quand on y pense bien.

Dernière piste : psychologue pour chiens. Evidemment, il y a le problème de la langue. Si trop difficile, faire une formation toilettage à la Cegos dans le cadre du DIF avant de partir, sous couvert d'un stage "approche systémique des organisations", pour ne pas avoir l'air tout de suite trop ridicule. Ou peut-être qu'il y aussi un truc systémique pour le chien, j'insisterai sur systémique quand on m'interrogera dessus, et voilà tout.

Commentaires du n+1 : "Allez-y franco : il faut que ça change fort dans la rupture tranquille. Et, tant qu'on y est, d'Outre-Atlantique, imaginez la France de demain par la même occasion et vous verrez, tout deviendra possible...".

PS de Dominique : "Olivier, les psychologues, c'est pas que pour les chiens. On a pensé avec Jacques que ça pourrait compléter votre check up. Qu'en dites-vous ? "

Fin de partie (3) Des outils ou des hommes ?

Appréciation des résultats pour l'année écoulée : je voudrais faire sur ce point une remarque d'ordre général, en forme de paradoxe.

Bien sûr, vous l'avez rappelé tout à l'heure, nous avons, ces dernières années, franchi une étape en matière de communication dans le groupe. Je pense à la mise sur pied de notre intranet, aux nombreux supports que nous avons créés ou renouvelés en nous efforçant de coller le plus possible aux attentes des uns et des autres, à notre campagne d'image institutionnelle avec l'aide de Devarieux & Villaret.

Je pense aussi au nouveau site internet que Philippe et Patricia ont lancé de leur côté, à la promotion d'une meilleure connaissance du groupe en externe et d'une information interne adaptée aux besoins des sites auxquelles, tirant le meilleur parti de la complémentarité de nos compétences, nous nous sommes attelés.

Je pense enfin aux dispositifs de communication directe que nous avons mis en place entre les membres du Comex et les collaborateurs de l'entreprise, aussi bien au siège que sur les sites, pour dialoguer avec les équipes autour de la stratégie du groupe - dispositifs qui constituent à mes yeux le socle fondamental de notre politique de communication interne.

Il en va ainsi de la communication comme de la guerre avec les militaires : elle n'est jamais aussi efficace que lorsque les experts n'y sont pour (presque) rien.


Tous ces chantiers ont naturellement été portés par la dynamique excitante du projet Leaders... et ce n'est pas fini. Un travail considérable a été accompli. Mais le plus difficile est sans doute devant nous : faire en sorte que cette démarche devienne un repère commun et un guide concret pour chacun au sein du groupe.

La prochaine fois, c'est promis, j'y réfléchirai tout de même à deux fois avant d'exprimer une idée : ça fera des vacances à tout le monde. J'en profite pour assurer mes camarades de la fonction RH qu'il n'y avait rien de personnel dans cette affaire (...).


Revenons à la communication.

Bien sûr, l'équipe a devant elle nombre de nouveaux chantiers, qui recèlent d'intéressantes potentialités pour le groupe : la nécessaire montée en puissance de la communication externe ; la simplification et l'optimisation de notre communication interne qui doit à la fois se construire autour de l'évolution de l'intranet et des besoins, plus larges, de l'ensemble de la communauté Eramet ; l'expérimentation aussi de nouveaux outils qui participent de ce qu'il est désormais convenu d'appeler la "communication conversationnelle", et dont je suis convaincu, à la suite du fameux (et déjà vieux) "Cluetrain Manifesto", qu'elle est déjà en train de révolutionner en profondeur notre façon de communiquer.

L'on pourrait comme cela développer les outils à l'infini. Au fond, ce n'est pas très difficile : il y suffit de quelques compétences, d'un peu de technique et d'un minimum de flair.

Mais, si l'on n'y prend garde, le système peut aisément s'alimenter de lui-même et faire perdre de vue l'essentiel : le sens d'ensemble et la portée pratique de notre communication. Un peu comme ces boucles médiatiques irrationnelles que l'on voit parfois surgir dans les medias - nous en avons fait l'expérience sur différents sujets de crise-, et qui finissent par se nourrir, moins des attentes du public ou de l'exigence des faits, que de leur propre logique interne.

Tel est le paradoxe, sorti tout droit de chez Habermas : nous produisons des outils pour répondre à des besoins - et je note que ce productivisme est tout autant encouragé par la focalisation de l'ingénieur sur les outils que par le besoin des communicants d'apporter la justification de leur rôle dans l'organisation.

Mais, en se centrant sur sa propre puissance au détriment des besoins ou, si l'on veut, en privilégiant l'offre sur la demande de communication, cette logique de production conduit peu à peu à une forme, insidieuse, de déconnexion du réel.

Cela signifie, en particulier dans un groupe le nôtre, qui reste à taille humaine et dans lequel, comme le soulignait justement Alain Robert, du fait du métier lui-même, on ne peut longtemps s'écarter des exigences les plus élémentaires du bon sens, le capital essentiel de la fonction communication, ce ne sont pas les outils, mais les relations humaines.

Et cela, avec deux impératifs simples en tête : être à l'écoute en interne, de ce qui se dit mais aussi de ce qui ne se dit pas; et être à l'affût en externe des informations utiles et des meilleures pratiques.

C'est à partir de ces deux exigences simples que peut se construire la communication la plus juste possible, celle qui à la fois s'inscrive dans la culture du groupe, et en même temps, le pousse, l'accompagne dans le déplacement de ses frontières, en veillant à n'être ni trop décalé de l'air du temps, ni trop en avance sur la musique.

Je crois aussi qu'il faut incarner cette fonction, la faire vivre avec les autres, la porter - ce qui ne va pas pas sans conviction. Et même, sans un fort engagement personnel.

Fin de partie (2) Une équipe comme la nôtre

Points positifs identifiés par le salarié dans le cadre de ses missions ou du fonctionnement du service : je voudrais faire ici une parenthèse, plus sérieuse, une fois n'est pas coutume, autour de trois points qui me semblent essentiels lorsque je repense à ma vie avec Eramet.

J'ai d'abord conscience de laisser une équipe de grande valeur.

Vous avez été, Jacques, un interlocuteur attentif aux questions de communication, exigeant, mais aussi encourageant lorsqu'il s'agissait d'ouvrir de nouvelles perspectives et de défricher de nouveaux horizons.

Autour de vous, je dois dire que le travail avec les membres du comité exécutif sur ces questions a également été de grande qualité. Je garde à cet égard, pour n'en retenir qu'une illustration récente, un souvenir particulier des réunions que nous avons tenues, l'été dernier, sur l'image du groupe. Elles ont été un moment de réflexion privilégié, à la fois libre et collectif, qui nous a permis d'innover sur la méthode comme sur nos choix eux-mêmes.

Je pense aussi, bien sûr, à mon équipe rapprochée.

A Clotilde, d'abord, qui a été la première à me rejoindre à la direction de la communication que nous avons progressivement mise en place au cours de ces quatre dernières années. Entre 2004, l'année de ton arrivée à la communication sur la partie interne, qui fut non seulement un changement de métier mais aussi une année où il fallut être sur tous les fronts à la fois, et le début 2007 qui consacre l'aboutissement de nombreux chantiers de communication pour le groupe, que de chemin parcouru ! Tu es aujourd'hui bel et bien entrée dans le métier et, chemin faisant, tu t'es aussi affirmée. Cela fait vraiment plaisir à voir.

Pascale... Depuis que je t'ai accueillie en Nouvelle-Calédonie pour me remplacer, un jour de juillet 2002, et jusqu'à ton retour récent à la direction de la communication sur la partie externe - où nous avons tant de sujets riches de potentialités à développer pour le groupe -, nous n'avons fait que nous croiser... Tu te souviens, ce jour-là, en Calédonie, en voulant te prendre tes bagages, je les ai lamentablement fait tomber sous la pluie, devant l'aéroport de la Tontouta... Tu as dû te dire que si j'étais aussi bon communicant que bagagiste, il y aurait du boulot pour remonter la pente.

Et il y en eut, en effet.

A Nouméa, mais surtout en brousse, je t'ai passé le relais d'une mission, qui a aussi été une passion, et qui nous a appris, l'un après l'autre, l'humilité et la patience - même si je sais bien que ce terme de "patience", pour ce qui me concerne, ferait encore s'étouffer sur le champ Yolande et l'équipe calédonienne auxquelles, aujourd'hui encore, je ne repense pas sans affection. Nous n'avons donc fait que nous croiser - y compris ces dernières années lorsque je suis revenu à l'occasion de crises, pourtant si rares en Nouvelle-Calédonie, mais, chaque fois, avec le même plaisir d'échanger nos idées pour défendre l'entreprise et faire bouger les choses.

Ceci encore : il nous arrive souvent d'évoquer la "grande famille Eramet". Cette grande famille étant aussi constituée de petites tribus, je trouve réjouissant de t'avoir accueillie baroudeuse... et retrouvée jeune maman, le temps de cette heureuse escapade aux antipodes.

Quand je pense, Anne, à la petite révolution qu'a été votre arrivée à ce poste, à l'historique pour le moins lourd, je me dis que vous avez été une véritable fée... Vous avez changé ma vie au bureau ! Avec vous, non seulement, j'ai enfin ouvert mon agenda et ma messagerie à mon assistante (...), mais nous avons pu aussi remettre d'équerre ce qui devait l'être, et avancer sur les ambitieux chantiers du moment. Je tenais à vous en remercier tout particulièrement.

Un deuxième point essentiel à mes yeux est que, si j'ai appris des choses au sein du groupe, c'est bien sûr à travers les aventures mouvementées que j'y ai connues ; mais c'est surtout, au-delà de l'équipe rapprochée que je viens d'évoquer, au contact des interlocuteurs de grande valeur avec lesquels, sur les sites comme au siège ... j'ai accompli ta volonté, Président (voilà que ça recommence à déraper).

Oui, il y a chez Eramet, des personnes de grande qualité - je pense en particulier aux membres du comité de pilotage du projet Leaders, aux participants au Eramet Leaders Programme, à divers responsables de tous statuts sur les sites, au réseau communication et, plus généralement, à tous ceux qui, ici ou là, ont su, souvent avec tempérament, éclairer de leur expérience et de leur vision les projets et l'action de la communication. Je ne peux ici les citer tous (...); mais je suis sûr qu'ils se reconnaîtront dans cet engagement commun au service du groupe, à travers des relations d'estime, de confiance souvent, et parfois aussi d'amitié.

Cette confraternité-là a fière allure ; elle n'est pas sans puissance.

Est-il besoin de préciser, pour conclure cette évocation trop rapide, qu'à ma manière, parfois irrévérencieuse, j'ai beaucoup de respect pour la culture du groupe - une culture dont on sent bien qu'elle est en mouvement -, et d'attachement pour ceux qui la portent au quotidien ?


Points qui préoccupent le salarié dans le cadre de ses missions ou du fonctionnement du service : je veux aborder ici un point sensible sur lequel, à la façon héroïque de David Vincent dans Les envahisseurs, il est temps, me semble-t-il, de briser le silence. Ou d'essayer en tout cas vu que, dans Les envahisseurs, il n'y en a pas un qui le croit, David Vincent, alors que, quand même, on voit bien qu'il se passe quelque chose de louche dans cette histoire.

Justement. J'ai une révélation - importante - à vous faire, une révélation qui me vaudra sans doute d'être traqué aux quatre coins du monde, et c'est pourquoi, vous l'avez compris, non seulement je me vois dans l'obligation de quitter précipitamment notre groupe, mais je me suis aussi montré vague sur mon prochain point de chute où je demanderai d'ailleurs, dès mon arrivée, le statut de réfugié au nom des droits de l'homme, et là encore, je pèse mes mots.

Car, soyons clair : nous sommes quand même tous en train de nous faire piquer notre boulot par les filles !

Tenez, moi par exemple. J'ai d'abord fui mon administration d'origine, où je n'étais entouré que de filles. J'ai donc vite fait opté pour la métallurgie - un métier d'hommes, des vrais, me suis-je dit. Eh bien non. A peine j'arrive à la SLN, que je me vois à nouveau cerné par des femmes - pensez donc, 80 % pour le département communication. Je prends quand même le job. Et là, à peine je commence à m'épanouir que je me fais piquer mon boulot par Pascale !

Je rentre donc au siège... où non seulement je me retrouve, avec Arlette, Dominique, Elodie, entouré d'un pool d'assistantes d'un nouveau type, enfin genre (elles m'ont été, il faut le dire très précieuses...), mais je me fais aussi piquer mon boulot de communication interne par Anne-Marie à Paris, et par Christine à Boulogne (et quel bon boulot aussi nous avons fait ensemble !). En désespoir de cause, je profite alors, début 2003, d'une fenêtre d'opportunité pour rejoindre le job de dircom au siège.

Enfin seul. Le bonheur...

Mais non. Je ne tarde pas en effet à être rejoint, par Clotilde d'abord, sur la communication interne, puis par Pascale, sur la communication externe - sans compter ici la bonne dizaine d'assistantes qui se sont sont succédé à mes côtés au cours de ces quatre dernières années. Et puis, deux mois plus tard, si l'on veut bien admettre, Pascale et Clotilde, que vous seriez comme qui dirait une sorte de gâteau (...), c'est Catherine qui, dans le rôle de la cerise, me porte le coup de grâce.

En coiffant la direction de l'environnement et celle de la communication, tout en rejoignant le Comex, c'est, cela dit, un sacré défi que tu as devant toi, chère Catherine.

C'est moi ou, malgré tout, j'ai l'impression que personne ne s'inquiète ? -;)


Identification des causes (si cela se passe mal, c'est parce que...) : dans ces conditions, la cause de nos dysfonctionnements est entendue : si cela se passe mal... c'est parce que ce sont les filles qui font le boulot !

J'ajoute à ce constat une remarque prospective : autant, Jacques le rappelait tout à l'heure, vous avez, ces dernières années, connu une communication innovante, autant vous n'allez pas tarder à découvrir ce que c'est qu'une communication, disons, décoiffante (ce qui, soit dit en passant, n'est pas une raison pour prendre rendez-vous chez le coiffeur plus de trois fois par semaine). Imaginez ainsi le prochain dossier d'Eramet Info consacré aux soldes, de futurs petits déjeuners du Comex autour de Karl Lagerfeld, ou mieux, un stage de secourisme avec George Clooney... (ps : mettons que Clooney ne soit pas disponible et qu'Adriana se dévoue, le groupe, vous le savez bien, peut toujours compter sur mon sens du devoir).


Commentaires du n+1 : je lis à cette rubrique un mot confidentiel signé Jacques Bacardats : "Vous avez raison, moi aussi j'ai remarqué quelque chose de bizarre, au Comex, ces derniers temps...".

Je vois aussi, un peu plus bas, une note de Dominique : "Bravo Olivier pour votre excellent travail de veille et d'alerte sur ce danger qui nous guette maintenant à chaque coin de couloir. Nous non plus, on ne comprend pas bien comment ça marche - et on partage votre inquiétude. PS : J'ai alerté les plus hautes autorités de l'Etat sur le sujet. Jacques et moi, on vous tiendra au courant de cette enquête strictement confidentielle. En attendant, ouvrons l'oeil, et le bon"...