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10/04/2007

Chaos

Il a d'abord fallu boucler les dernières formalités avec mon conseiller spécial à l'ANPE, celui qui s'y connait vraiment bien en communication. Franchement, je ne sais pas où ils ont été le chercher celui-là. Un as. Tandis qu'à côté, un jeune homme essayait d'obtenir une autre offre auprès de sa conseillère à cause du stress lié aux objectifs trop ambitieux qu'on lui fixait dans l'électroménager, moi, je renseignais pour la troisième fois mon formulaire métier avec l'aide de mon nouvel animateur de carrière. Une heure d'attente, autant pour remplir la fiche. A la fin, je demande quand même à quoi ça va servir ce papier. - "Mais à rien, me répond-il très gentiment, c'est juste pour nos bases de données".

Il a aussi fallu sauver le déménagement in extremis. D'abord contre le type qui avait quasiment vidé et emballé la cave n°7. Alors que la mienne, c'est la n°6 - la tête qu'il a fait lorsque je lui ai annoncé. Et puis contre FO Val-de-Marne aussi, qui commençait à chauffer le pavé de la manif des fonctionnaires au carrefour des Gobelins avant de remonter vers Montparnasse en chantant : "Je n'veux plus être exploité, je n'veux plus être sous-payé, je veux juste travailler, et puis c'est tout". C'était sur l'air de "Je ne veux plus travailler". J'ai trouvé ça malheureux comme rapprochement, et pas extrêmement bien inspiré. Encore que. En tout cas l'objectif, c'était de faire partir le container avant le démarrage de la manif, parce qu'après, le chauffeur, il ne répondait plus de rien. Quand la cargaison est finalement partie avec juste quelques mètres d'avance sur FO Val-de-Marne, je me suis senti soulagé. Je ne me doutais pas encore que ma doudoune n'avait pas rempli les documents pour l'embarquement au Havre - c'est son côté artiste.

On ne peut rien faire contre l'art en marche, mais ça reste difficile à faire passer, comme idée, auprès de la douane.

Avec mon concierge aussi, on a sympathisé sur la fin du déménagement. Un ancien de la légion et des forces spéciales, mon concierge. On le voit bien à ses oreilles décollées comme deux parachutes. Quand il parle au téléphone, il dit "affirmatif" et "terminé", et on sent bien qu'après ça il vaut mieux plus lui demander un nouveau truc. On a sympathisé devant le frigo qu'il a accepté de stocker dans la loge, vu que personne n'en voulait de mon frigo. C'est là que j'ai appris qu'en fait, le COS était aussi présent en Irak. "- Ah bon, que je lui fais, en décollant avec lui les étiquettes des dernières courses sur le devant du frigo, ils utilisent aussi le coefficient d'occupation des sols là-bas ? Remarquez, ça doit être utile pour le nouveau plan d'urbanisme à Bagdad. - Non, qu'il me répond, le COS, c'est le centre d'opérations spéciales. On ne le dit pas, mais ils opèrent en Irak, les gars, en ce moment". La vache, si ça se trouve, ils se sont répartis les rôles : Villepin comme représentant à l'ONU, et lui comme cerveau des opérations au QG de la loge, dans l'ombre.

Et c'est vrai qu'elle n'est pas très bien éclairée la loge.

Dans les interstices de ce chaos, il y eut quelques heureux moments de détente. Une virée Quai de Seine tout en douceur avec Charlotte pour plonger, avec Libero, dans le monde de Tommasino - vu avec des yeux d'enfant, le monde des adultes est tout de même très décevant, non ? Quelques très bons dîners italiens avec Poune chez Swann et Vincent et aux Cailloux. Une pause chez Pascale et Philippe, entre Marcello et Minus (j'ai bien cherché, mais à ce stade, il n'y a pas moyen de l'appeler autrement, Minus, même s'il a du potentiel ce p'tit gars, ça se voit bien) ; et puis, une Number One sauvée des eaux pour la route, ça n'a pas de prix, à deux pas du Luxembourg. Chez Jack et Melissa l'autre soir aussi, dans leur nouveau home retapé, comme un chef par Giacomo himself, de la rue de Turbigo ; ne jamais oublier de parler des trucs importants, comme par exemple des moyens de dynamiter proprement le Sushi Bar illégal du dessous, avec Jack avant 22h00 ; après, il s'endort.

Et puis une dernière pause normande à Baons, en famille, le passage en revue des ultimes formalités d'Oliver & Compagnie avec mon père, les délices et autres trouvailles de Giuliana qui vont me faire pleurer au premier hamburger venu - et un fameux coup à dix-neuf bandes de Ze Roberto. Un petit moment volé avec mamie Jeanne aux Dames Blanches, rien que tous les deux, pour se dire deux ou trois choses géniales. Et tristes. Un message de Jean-Charles, comme au bon vieux temps des virées à vélo sur les hauteurs de Marseille. Le temps de croiser Régine aussi à Hautot, son regard lumineux, confiant et bienveillant. C'était un beau week-end de tempête normand, avec un grand ciel gris et des averses cinglantes comme je les aime, au pied des grands arbres.

Je ne dis pas que tout est en ordre ; mais est-ce jamais le cas?

On peut partir, maintenant.