Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/04/2007

On n'a pas de chauffage, mais on a du gui

C'était en sortant l'autre samedi de chez Triadou, sur Haussman - une adresse découverte au radar faute de pouvoir se retrouver chez le petit italien de Madeleine, fermé pour les fêtes. Le cheeseburger est un plat fondamental du samedi midi pour week-ends à horaires indéfinis, et celui de Triadou tient la route (message en passant pour la cuisine : ce n'est pas la peine de planter un drapeau chinois dessus, même pour tenir ensemble les ingrédients, vu que ça perturbe, surtout avec une bière belge de Noël, et que le temps qu'on y réfléchisse, ça fait refroidir le plat ; le plus sage serait de renoncer à créer de la dissonance culturelle en tolérant un peu de jeu entre le pain et le steack).

Il pleut à grosses gouttes lorsqu'on en sort. On se réfugie sous un auvent. Passe une vendeuse de saison, du gui plein le panier. Elle s'arrête, nous en propose un bouquet sauvage. Moi (bien que plus attaché aux traditions qu'il n'y paraît), je ne comprends pas bien. C'est qui gui ? Des herbes provençales, de la colombienne, du muguet de chez Monsanto, ça se mange ?

Mais bon, on en prend quand même illico (ah ok, ça doit porter bonheur). Le prix ? " Cinq euros la botte". La vache ! C'est le London Metal Exchange ou le marché de Noël ? On dirait les cours du nickel, en plus élevé, avec deux heures de stock, la Chine qui découvre un nouveau milliard d'habitants cachés dans le Xinjiang, les Russes qui attaquent le Canada, le Brésil qui envahit l'Australie. Et la province Nord de la Nouvelle-Calédonie qui se prépare à attaquer la province Sud, le jour du Têt.

Mais que fait l'AMF ? m'interrogè-je. Non pas que je sois très regardant sur les prix - pas mesquin pour un sou, c'est vrai. M'enfin quand même. On s'en tire en demandant un plus beau bouquet, ça c'est de la négo. C'est comme pour les framboises au marché Mouffetard : c'est horriblement cher, mais on revient avec quinze barquettes, allez, quatre, dont la moitié décède de mort naturelle. Allez comprendre.

Et puis, lance Anny avec un sourire rayonnant : " On n'a pas de chauffage, mais on a du gui ! ". Ben gadon, comme disent les Bourguignons (un autre message, en passant, pour mon frère : on en reparlait le premier de l'An avec ton père, c'est vrai, il n'était pas mal du tout ce Gevrey-Chambertin l'autre jour, un peu dépouillé mais avec de la mémoire ; avec le temps pourtant, j'ai une préférence qui s'affirme pour les vins qui ont plus de concentration et de puissance, le Médoc plutôt que le Libournais, la Côte de Nuit plutôt que celle de Beaune. Egolf plutôt qu'Egloff aussi bien).

Après tout, vu qu'on n'a plus de chauffage, ça peut peut-être brûler ce truc, non ? En plus, ça fera des signaux de fumée pour le concierge et groupama immobilier - qui sont tous partis en vacances sans un mot, les lâches, pour ceux qui repasseraient entre deux escales dans les parages. Si ça se trouve, on passera pas l'année. On va nous retrouver cryogénisés comme dans Alien. Ils sont peut-être au courant d'un truc qu'on a raté entre la Pedrera et trois tapas, à se dorer sous le soleil catalan.

Et d'ailleurs, parlons-en des voisins : pour commencer une nouvelle guerre du feu, encore faudrait-il qu'ils se montrassent. Celui du dessous n'est pas là. Et celui du dessus refuse obstinément d'ouvrir. Il y a une ambiance chaleureuse et fraternelle dans cet immeuble, c'est émouvant. Et, comme si ce n'était pas suffisant, dès le 2, en dessous, ils se mettent à attaquer au marteau piqueur et à la masse. C'était donc ça. On aurait dit Utah Beach le matin du 6 juin 44. Comme personne ne leur a dit qu'on était dans le camp des Alliés, ma moitié est allée s'en charger comme un missile Tomahawk. Même pas eu le temps d'esquisser un semblant de mouvement de début de mission commandée (quelqu'un a revu le Soldat Ryan au fait ?). N'empêche qu'une minute plus tard on aurait dit qu'ils creusaient à l'aiguille à coudre, les gars du dessous.

Bonne année, tu parles.

On s'en fout, le gui, ça porte bonheur.

Les commentaires sont fermés.