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14/12/2009

Je me souviens (7) L'art de la sieste (pique-nique à Governor Island)

Je me souviens des quartiers que nous avions établis sur le pont arrière du ferry pour une séance de photos improvisée tandis que le capitaine du Ventura s'efforçait de remettre ce maudit cluster en état de marche.

Je me souviens des danses et des chants enfantins improvisés par les filles en l'honneur des époux.

Je me souviens, au football américain, des passes techniques de Jules et des caramels de Rico Patatas.

Je me souviens du carré tranquille que nous formions et de la bande se reposant sous la fraîcheur et l'ombre des grands arbres de l'allée centrale.

Je me souviens des robles blanches des filles s'éloignant dans l'allée après le déjeuner.

Je me souviens de nos pas de danse improvisés sur un air de salsa, sur le quai, avant de réembarquer.

Je me souviens de l'orage qui s'abattit comme un déluge sur Manhattan et qui balayait la terrasse, en fin de journée, à l'heure de la sieste.

 

 

13/12/2009

Je me souviens (6) Oh went the Saints (Jazz in Soho)

Je me souviens de l'ambiance de confrérie plutôt cool du Cupping Room Café, ce club de Soho comme une maison ouverte entre Broome Street et West Broadway.

Je me souviens de la voix chaude et puissante de Cyrille Aimée, éclatante et menue comme une Piaf jazzy de Brooklyn que nous avions eu tant de chance de découvrir, et des boeufs nickel des types du Surread Band.

Je me souviens de cette piste intime et joyeuse, harmonieusement mêlée au jeu de l'orchestre.

Je me souviens de ton petit ventre, entre nous, lorsque nous dansions doucement.

Je me souviens de la grâce nonchalante de Mélissa, du free style de Charlotte, de l'abandon d'Aleth, des pas de rock trépidants de Françoise et Margot.

Je me souviens des pas de danse d'Yves et Giuliana comme un refrain de jeunesse - les mariages font écho aux mariages, et les enfants sont aussi promis aux grands-parents.

Je me souviens de l'époux ivre traîné par la mariée que tu avais choisi comme emblème que nous avons oublié de placer au sommet du gâteau, qui te faisait tant rire - et qui t'amuse toujours autant, sur un coin de la cheminée, entre un amaryllis et le City Baby de Pamela Weinberg...

21/10/2009

Je me souviens (5) Le Jugement de Paris (un dîner chez Daniel)

Je me souviens de ta sieste éclair entre l'Upper West et l'Upper East Side tandis que je m'efforçais de trouver un bateau qui, cette fois, ne tomberait pas à l'eau, et de ta coiffure joliment défaite au réveil.

Je me souviens de nos deux tasting dinners : je n'ignorais plus rien de la carte des vins, choisie à l'image de nos lointains voyages, tandis que rien ne t'échappait de la subtilité des mets.

Je me souviens de nos retrouvailles sur la 72ème et de notre lente déambulation dans Central Park par Strawberry Fields, Cheery Hill, Naumburg Band Shell et Literary Walk.

Je me souviens des hors-d'oeuvre fondants : les sashimi de thon, les tartelettes au homard, les toasts au foie gras, les crevettes à la mangue, les bouchées de boeuf de Kobe et les petits rouleaux de printemps (je me souviens qu'entre les uns et les autres, j'ai commencé dix conversations sans en finir aucune).

Je me souviens des Saint-Jacques marines et du Domaine Bailly Reverdy (2008) - un Sancerre comme je les aime : un peu de fruit, un brin d'acidité, frais sans excès, avec une attaque franche.

Je me souviens avoir dit, en conclusion du toast que je portai au début du dîner : " Sans toi, la vie serait beaucoup moins belle, beaucoup moins inspirante, beaucoup moins drôle " ; ce n'était pas pour rire et d'ailleurs, depuis lors, ça se serait plutôt aggravé.

Je me souviens de la première bouchée de Sea Bass au Syrah, le plat-signature de Daniel, sur une gorgée de Chardonnay de la Russian Valley (Jordan, 2007).

Je me souviens des boutades de Jean-Philippe, du duo de tes soeurs, du blues enflammé de Roland, des mots de Margot et des souvenirs de collège déterrés par Jean-Charles auxquels, il faut bien le dire les amis, on ne comprit que dalle, parce que c'était moi, parce que c'était lui.

Je me souviens, sur les short ribs, de la supériorité du Merlot de Stellenbosch (Circumstance, 2005) sur le Pauillac (château d'Armaillac, 2002), comme un nouveau Bottle Shok quand la Californie, au "Jugement de Paris", triompha du Médoc.

Je me souviens des premières paroles de Régine comme on se laisse soudain surprendre et embarquer par cette musique légère que font les amitiés quand les amis s'accordent et qu'au lieu d'un discours, on voit passer sa vie.

Je me souviens de la Feuilletine au praliné, ganache au chocolat des Caraïbes, glace à l'Amaretto, cerises glacées au Kirsh... je me souviens du temps qui continuait de filer trop vite, d'une table l'autre, et du moment où il fallut repartir quand on s'était un peu posé.

05/10/2009

Chez Daniel (suivez le guide)

Pour tous ceux d'entre vous qui ont aimé le dîner chez Daniel cet été, voici un article du Figaro que me passe Laurence et qui semble confirmer que ce n'était pas un trop mauvais choix...

"La 5e édition annuelle du guide Michelin de New York a décerné sa plus haute récompense, les "trois étoiles", au chef français Daniel Boulud pour son restaurant Daniel, qui devient le 3e Français à accéder à ce rang dans la métropole américaine.


Après Jean-Georges Vongerichten, pour le restaurant Jean-Georges, et Eric Ripert, pour Le Bernardin, Daniel Boulud est le troisième Français récompensé dans cette ville qui compte désormais cinq restaurants au firmament du célèbre guide, avec le japonais Masa de Masa Takayama et Per Se du chef californien Thomas Keller. Dans la catégorie "deux étoiles", on note la disparition de l'Adour, le restaurant du chef français Alain Ducasse à l'hôtel Saint-Regis, qui avait été récompensé l'an dernier quelques mois après son ouverture, rétrogradé désormais dans la catégorie beaucoup plus encombrée des "une étoile".

Six établissements sont gratifiés de deux étoiles, quatre d'entre eux l'étaient déjà l'an dernier, notamment le Momofuku Ko de la nouvelle vedette de la gastronomie américaine David Chang.

Les deux nouveaux arrivés dans cette catégorie sont "Alto", un restaurant italien haut-de-gamme situé dans l'Upper East Side (nord-est de Manhattan) et très aimé des medias new-yorkais, et "Corton" dans le quartier de Tribeca (sud de Manhattan), autre "chouchou" des critiques gastronomiques dont le chef est un jeune Britannique, Paul Liebrandt."

20/08/2009

Je me souviens (4) In memoriam, Michel Jacquesson (Le plaisir vaporeux fuira vers l'horizon...)

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Je me souviens de Lawrence, le chauffeur taciturne de "Big Apple Bus", et de son vieux minibus poussif sorti d'un hangard de Brooklyn, dont la climatisation nous chauffait davantage les pieds qu'elle nous rafraîchissait la tête.

Je me souviens de notre joyeuse procession remontant paisiblement la 88ème depuis l'angle de Riverside Drive, par une splendide journée d'été, à l'ombre mesurée des arbres chétifs qui venaient d'y être plantés.NY juillet 2009 247.jpg

Je me souviens, tel père, tel fils, que nous avons accroché nos cravates direct en entrant, comme des Américains, une touche de classe en plus - avec le temps, je me détends, tu t'adoucis.

Je me souviens des coupes de Ponsardin qui s'alignaient sur le buffet mongol, rebaptisé bar américain, du Chassagne-Montrachet - et du Michel Jacquesson, de Beaunay, ça ne s'invente guère, entre la mort de Michael et la fête de nos noces ; et je me souviens, là dessus, d'Eric brisant deux coupes d'affilée, pour nous porter bonne chance.

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Je me souviens du régal de la cuisine américano-japonaise des Docks à laquelle s'affairait un chef faussement dur et une serveuse adorable - des petits hamburgers et des bouchées de homard, des bruschette et des chicken satay, des petits hot dogs et des maki rolls minute.

Je me souviens du magnifique chapeau jaune et noir de Régine que s'arrachaient les filles et qui volait de tête en tête, près du miroir de la cheminée, dans de grands éclats de rire.

Je me souviens de Jules, ravi et subversif, me rappelant que l'on avait choisi l'église où Chomsky officiait ("Crisis and Hope: Theirs and Ours" - je me souviens d'ailleurs, mon gars, avoir piqué l'affiche pour toi) tout en visant la bibliothèque, pendant que Ben sécurisait le périmètre.

Je me souviens de papa posant, heureux, sur la terrasse doucement ombragée, entre ses deux fils et faisant, d'un sourire, la synthèse entre celui qui causait trop et celui qui n'en pensait pas moins.NY juillet 2009 256.jpg

NY juillet 2009 245.jpgJe me souviens que je ne savais plus où donner de la tête, entre le séjour et la terrasse, les verres et les mets, la cuisine et la chambre, le frigo et la cave, les uns et les autres - je me souviens que le temps filait à toute allure, entre mes mains de maçon.

Je me souviens que les femmes étaient belles et que nous étions heureux, à boire des coups ensemble - l'éternité, mon Dieu, à présent que te voilà mon nouveau camarade de fortune, ça passe trop vite, vois-tu, mon petit Père.

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Oui, " Souviens-toi !...

Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon / Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse; / Chaque instant te dévore un morceau du délice / À chaque homme accordé pour toute sa saison....".