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04/08/2009

De la multiplication des spaghetti (une religiosité américano-italienne)

26 Mai 2009.
Là-dessus, je fais une paranthèse. Il faut bien reconnaître, cela dit, que, côté église, on n'est pas des pros. Quasiment rien en France, en dehors de visites improvisées de quelques églises ou chapelles qui nous ont inspirées, plus souvent aux Etats-Unis, au moment de Pâques ou de Noël, parfois à l'invitation d'amis. Les rares fois où j'ai mis les pieds au catéchisme, j'énervais tout le monde, surtout le prêtre, avec mes questions à la noix qui n'entraient guère dans les canons de l'exercice - pendant ma préparation militaire ou, à l'occasion sur les terrains de handball, c'était d'ailleurs la même réticence aux disciplines collectives imposées qui ont failli me coûter la préparation militaire, pour cause d'insolence, donc le sursis et, plus tard, la coopération en Nouvelle-Calédonie - ce qui aurait tout de même été dommage, n'est-ce pas Docteur ?

Ce que j'aimais, c'est quand ma grand-mère italienne m'emmenait à la messe quand je passais le samedi soir avec eux (mon grand-père, lui, restait planqué à la maison en attendant que ça passe). Je ne comprenais pas grand-chose, je m'ennuyais à l'occasion, mais dans l'ensemble j'aimais cette ambiance recueillie et je trouvais la foi de la nonna, qui me disait sobrement quoi faire d'un signe lorsque j'étais perdu, à la fois rassurante et chaleureuse. Sans doute confondais-je alors l'amour familial et la foi en Dieu. De toutes façons, ce que je préférais, c'était la fin, quand je m'efforçais de suivre les pas de géant de ma grand-mère qui me tenait fermement par la main pour regagner la maison où la soirée se passait entre le dîner - selon les soirs, lasagne, gnocchi, bistecca... un régal à tous les coups, qui me paraissait une sorte de miracle en forme de multiplication des spaghetti - et les jeux où, la plupart du temps, mon grand-père (qui s'en énervait un peu mais, au fond, s'en foutait) et moi (moins philosophe et déjà mauvais joueur) nous faisions royalement plumer.

Tout ceci participe sans doute d'une forme d'éveil, mais certainement pas d'une foi et encore moins d'une croyance. Cela a donc logiquement fini en un mélange de culture générale très imparfaite (c'était mon oral d'entrée à Sciences-Po, où j'ai fini par sécher sur la religion des Tamouls je crois) et de recherche spirituelle personnelle. Du coup, il y a disons des imprécisions qui refont parfois surface à la dérobée. Comme l'autre jour, au beau milieu d'un entretien avec la coordinatrice de l'Abyssinian Church où je lui demande à quel moment nous verrons le prêtre. Silence un peu gêné..." - Vous voulez dire le... pasteur ? - Oui, bien sûr, le pasteur ! Mais où avais-je donc la tête...." tentant de faire passer la bévue pour un flottement linguistique d'une manoeuvre qui, à défaut de faire illusion, m'a permis de rebondir sur la suite des événements.

Justement : si un mariage est un événement, en tout cas à sa mesure à la fois personnelle et communautaire, il ne nous paraît pas insensé de lui apporter une dimension spirituelle. Et puis nous sommes en Amérique où la religion est une affaire largement civile comme on sait, moins compliquée et clivante qu'en Europe, et mieux intégrée à la vie sociale. Si bien que nous faisons d'une pierre deux coups : un mariage religieux signerait à la fois un certain rapport au sacré et une identité en mouvement déjà, à sa manière, un peu américaine. Nous croyons aussi - va pour d'une pierre trois coups - que ce serait pour vous, du moins dans le cas où nous obtiendrions l'accord du pasteur Mason pour la bénédiction d'après la messe principale (prions ensemble !), qui devrait, elle, être plus sobre, une occasion de découvrir ce qu'est un office gospel. De l'avis de ceux qui y ont participé, ça peut, disons, surprendre - papa, Jean-Charles ? Nous en tout cas, ça nous émeut.

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