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12/08/2009

Toasts (1) Autoportrait de l'époux en coureur cycliste

"Nous sommes vraiment très heureux de vous accueillir ici, pour notre mariage, et très sensibles au fait que vous ayez fait le voyage, et parfois même un très long voyage pour être de la partie – comme Christine, qui vient de Nouvelle-Calédonie où elle tâche de faire en sorte que les gros requins du nickel ne mangent pas tous les petits poissons du lagon.

C’est d’ailleurs un mariage très international : Autriche, Nouvelle-Calédonie, mais aussi Allemagne, Australie, Suisse, Italie, Etats-Unis... Non seulement on a les Nations-Unies, mais nous avons aussi les Provinces unies avec les Pays de la Loire, la Normandie, Rhônes-Alpes, Midi-Pyrénées et PACA.

Un – très – grand merci aussi pour vos contributions. C’est vraiment très généreux.

Cela dit, l’autre jour, on a repéré un Rothko, dans une galerie de Madison. Comme ce n’était qu’un petit Rothko, il n’était qu’à seulement 3,2 millions $.

Mais quand même.

On va faire repasser la corbeille du mariage pour voir si, des fois, on ne pourrait pas repasser dignement dans la galerie en question.

***

Il y a maintenant bientôt trois ans que nous sommes ici, en Amérique, et je ne crois pas que nous l’ayons jamais regretté ; il est vrai aussi qu’on n’était pas mariés, jusqu’ici.

La première année, celle de l’installation à Columbus, a été difficile, surtout lorsqu’il a fallu rénover la maison que nous avions achetée (au pire de la crise des "subprimes"), moi qui ai autant de passion que de talent pour le bricolage - et avec un décorateur en chef qui était, de surcroît, particulièrement créatif.

La seconde, celle des déplacements dans tous les sens, a été, disons, mouvementée : en cumul, à deux, on a bien dû faire trois ou quatre fois le tour de la planète.

Quant à la troisième, j’ai bien peur qu’elle ne soit la dernière année de grasses matinées avant longtemps.

Nous l’avons d’ailleurs échappé belle. Je ne savais pas que les trois premiers mois de grossesse sont particulièrement fatiguants pour les futures mamans et, bon, pour ceux qui ne le savent pas encore, Poune aime bien dormir. Et a, en particulier, une capacité assez extraordinaire à s’endormir très rapidement.

Il y a donc eu de légères incompréhensions lorsque nous discutions du programme du mariage en mai-juin, et de cette soirée-ci en particulier, Poune semblant dire : « Mais pourquoi on ne dîne pas très tôt et après, vers 9-10h00, hop la ! on rentre à la maison et tout le monde est conteeeent… ». Et moi commençant de m’emporter...

Mais, le temps que je réponde, elle dormait déjà. 

C’était une période où nous avons eu un dialogue très riche. 

***

Vous connaissez maintenant le mot de Tristan Bernard qui nous a amusés : « Le mariage permet de résoudre à deux les problèmes qu’on ne se posait pas tout seul ». A commencer par l’organisation du mariage lui-même car, vous le savez sûrement aussi, j’ai autant de talent pour le bricolage que de goût pour la logistique. Eh bien, vu les dernières semaines de course d’obstacles en tous genres que je viens de passer, on dirait que le mariage peut, en effet, changer un homme.

C’est d'ailleurs ce que m’a dit Jude Ogboe, le chauffeur de taxi malien, hier matin, alors que je tâchais de faire, en un temps record, une triangulaire entre la 42ème, pour dénicher des articles de sport, et Upper West Side pour faire quelques courses, en passant par Madison Avenue pour y récupérer des chaussures. Alors que je m’emportais (assez vivement) contre les embouteillages, en rappelant que non seulement je me mariais le lendemain, mais qu’en plus nous avions eu l’idée brillante d’organiser un pique-nique la veille, et que c’était justement à ce moment-là que tout le monde ralentissait exprès, Jude m’a regardé dans son rétroviseur et m’a dit :

- « Ohlaaaa, tu vas te marier, mon ami ? Welcome to the New World ! ».

Mais de quel "new world" parlait-il donc ?

Il a ajouté : « Tu vois, les femmes, les hommes, c’est trop différent. C’est pas la même idéologie. Moi, je n’aime pas me disputer, alors je fais ce qu’elle dit et, comme ça, il y a la paix à la maison ».

C'est une stratégie.

Et puis il a conclu en me disant : « La femme est le médicament de l’homme. Avant j’étais une canaille, oui mon frère, une véritable canaille ! mais, maintenant, tu sais quoi ?... Je suis devenu un homme droit ».

Tout un programme.

D’ailleurs, Poune a commencé ce travail de redressement. L’autre jour, elle me parle d’un roman que j’avais ramené d’un voyage en Europe, "Tout est dans la tête" d’Alistair Campbell, l'ancien conseiller en communication de Tony Blair - une galerie de personnages qui défilent devant un psychanalyste, tous plus tordus les uns que les autres. A l’un d’eux, qui passe son temps à commettre adultère sur adultère, le psy finit par recommander de faire du vélo.

C’est ce que Poune me racontait du livre, alors que nous descendions vers les piers de Chelsea à la recherche d'un bateau pour dimanche.

Il y a eu un petit moment de silence.

(...)

Après quoi, elle ajoute, très doucement, et même, très innocemment :

- « Mondoudou, tu n’aimerais pas faire du vélo, toi ? ».

Deux semaines plus tard, j'avais un super vélo pour mon anniversaire.

***

Si la femme est le "médicament de l’homme", comme dit Jude, eh bien, j’ai dû trouver le plus doux des médicaments qui soit et, pour ainsi dire, le remède miracle.

Sans toi, ma Poune, la vie serait beaucoup moins belle ; beaucoup moins douce ; beaucoup moins surprenante - et aussi, beaucoup moins drôle.

A vous tous, merci encore d’être là.

On vous aime."

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