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23/02/2008

Le sommeil est un sport dangereux

Le combat de ju-jitsu fait rage. Il est même douloureux. La France prend l'avantage. Un haltérophile se couche sur une haltère en la bloquant pour empêcher un sumo sur le côté de la rambarde du terrain de hockey de la porter dans le camp adverse de cette partie de baby foot. L'entraîneur de basket est à la fois impeccablement vêtu et très nerveux. En bon demi-centre et capitaine de l'équipe de handball, je distribue le jeu comme une bête. C'est finalement un mannequin latin qui gagne le concours de coiffure.

Plus tard, dans un bar espagnol, à deux pas du Camp Nou, bien que m'efforçant de l'éviter, je retrouve un ancien condisciple de Sciences-Po - un grand échalas, aussi polar que faux-cul - qui cherche à s'inviter à dîner à la maison avec un jeune frère (qui porte des lunettes), que je ne lui connaissais pas. On parvient à noyer le poisson et à prendre la tangente.

Puis, des amis calédoniens proches ne me reconnaissent pas dans l'appartement où se déroule un tournoi de football en salle. J'en suis attristé. Une marée d'enfants en mouvement (beaucoup ont grandi), habillés de toutes les couleurs, à l'océanienne, couvrent le terrain et l'allée devant un grand manoir normand. A l'un des angles, on débouche sur une avenue new-yorkaise.

09/02/2008

A bout de souffle (petite théorie du changement en travelling aéroportuaire)

J'ai raconté il y a quelques mois (dans un note passée depuis lors sur un autre blog) comment, par une belle matinée de juin - la dernière du mois, je crois bien - alors que nous nous apprêtions à monter à Chicago en voiture, j'ai décidé d'arrêter de fumer. J'ai tenté d'indiquer quels genres de bénéfices concrets l'on peut retirer, dans un délai raisonnable, de cette décision, notamment sur le plan de l'activité sportive. J'ai encore vérifié cela récemment, par accident cette fois, à Chicago de nouveau - à croire que la "windy city" donne décidément un peu de souffle (elle est aussi une de mes villes américaines préférées).

C'était il y a quelques jours, au retour d'une virée en Europe. Après avoir été bloqués une journée et un nuit à Ohare International Airport à cause de l'impressionnante tempête de neige qui sévissait alors, nous attendions qu'un des vols pour Columbus se libére pour rentrer enfin à la maison. A l'extérieur, on voyait à travers les grandes vitres de l'aéroport les chasse-neige et autres pulvérisateurs tenter de libérer les pistes et les avions de l'emprise de la neige, entre deux bourrasques. Au moins une nuit d'hôtel confortable nous avait-elle permis de récupérer un peu au beau milieu du retour et de la tempête.

Le lendemain, au moment d'embarquer sur un des vols pour lequel nous étions en liste d'attente et qui était reporté d'heure en heure depuis l'aube, l'employée de service nous indique soudain que nous avons une place quasi assurée, mais sur un autre vol (pourtant annoncé avec un important retard, lui aussi, sur les panneaux d'affichage) affrété pour faire face à ces circonstances exceptionnelles, si toutefois nous arrivons à temps au guichet qui se situe... à l'autre bout de l'aéroport.

Deux à trois minutes pour traverser cet immense hall entre diverses échopes et des foules de gens se croisant dans les deux sens, avec un chariot lourdement chargé de la partie des bagages que nous avions pris avec nous (beaucoup de livres ! mais peu d'affaires de rechange...). Je pars en avant-garde pour tenter d'attrapper quelque chose de sûr de ce côté et commence donc un long sprint en forme de parcours d'obstacles. Je file à toute vitesse en poussant ce chariot aux allures de tank, fends la foule, slalome entre les ilôts, évite les brusques changements de trajectoires des passagers égarés et finit par arriver à temps au comptoir en question.

L'employé italien est débordé et tendu - son imprimante a lâché et le renfort tarde à venir -, mais je le mets de mon côté d'un mot (après qu'il eut crié au téléphone à sa compagnie qu'il ne s'appelait pas Superman, j'enchaînai d'un facile : "'Monsieur superman, j'ai besoin de vous"...) et l'affaire est vite débloquée. Nous obtenons in extremis deux places sur le vol en instance de départ (non sans que ma compagne, arrivant peu après et croyant que l'affaire avait échoué, commence à prendre publiquement à partie le pauvre employé d'United...).

Au terme de ce rattrapage, quelque chose me surprend, me laisse une impression étrange que je n'arrive pas à identifier précisément. J'y suis : je viens de m'envoyer un petit steeple-chase à fond la caisse chargé comme un âne et à l'arrivée... je suis à peine essouflé, en ayant complètement récupéré au bout d'une dizaine de secondes. J'avais pourtant fortement ralenti le rythme des footings depuis le début de l'hiver à cause d'une douleur aux genoux qui faisait suite à la reprise d'un entraînement plus intensif depuis l'été, et non en raison du froid ; de ce point de vue, je dois d'ailleurs être le seul à continuer de courir en short (mais plus torse nu ! n'est pas Rambo qui veut...) autour de Schiller Park par les temps qui courent, entre les tempêtes de neige juste au Nord, et les tornades dévastatrices un peu plus au Sud.

L'anecdote, sans doute, pourra paraître dérisoire et manquer un peu de souffle. C'est pourtant à ce genre de détails, anodins, accidentels, beaucoup plus qu'à de grandes déclarations que non seulement se révèle mais aussi se justifie un nouvel état. Je crois qu'il en va de même, plus généralement, des projets de changement réussis. A un moment donné, ce qui fait la différence entre un vrai et un faux changement - entre une modification durable et une parodie de rupture -, ce qui indique que ça a marché, c'est le fait que les individus qui en font l'expérience se sentent mieux, ou non, dans le nouveau système à travers des améliorations concrètes qui se traduisent, encore une fois, non dans des déclarations tonitruantes mais dans des détails - d'ailleurs d'autant plus anodins qu'ils traduisent la normalisation du nouvel état et, pour ainsi dire, sa naturalisation comme aurait dit Barthes.