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09/01/2009

Le blues de l'overshoes

Il y a un certain nombre de choses difficiles dans une expatriation : la langue, la cuisine, la signalisation, les programmes télévisés, le froid, les alertes incendie au milieu de la nuit... etc.

Dans l'ensemble, avec un peu de curiosité et de persévérance, on parvient pourtant à s'en tirer.

Je ne dis pas que ce qui nous tient lieu de culture ne devient pas assez rapidement une sorte d'infâme gloubi-boulga, et que ce qui nous tient lieu de philosophie ne finit pas par se dissoudre en une insupportable tolérance, mais enfin, que je sache, on ne sort indemne de rien, sauf à avoir le bon goût de mourir jeune. Et encore.

Bref, globalement, après quelques mois, ça va.

Jusqu'au jour où vous découvrez accidentellement au cours du déjeuner d'anniversaire d'une collègue que, hiver oblige, à cause de la neige, du verglas et du sel, il va vous falloir vous aussi vous mettre aux sur-chaussures - sorte de chaussons de jardins pourris en plastic, genre imitation godasses des années 50.

La honte absolue.

Vous avez beau vous dire que c'est ça ou niquer vos weston, vous vous souvenez encore (la dernière fois, ce n'était pas plus tard que ce matin) des commentaires mordants que vous vous faisiez sur les chaussures des gens et vous cherchez soudain rapidement si ce ne serait pas possible d'alerter la Cour pénale internationale des prud'hommes et des chaussures avec pour fusiller la descendance du type qui a inventé ça et interner le responsable de la météo dans ce pays.

Mon pays, c'est l'hiver... C'est rien de le dire. Quand je pense qu'en France, à -10, on se dit "ah la la, qu'il fait froid". Quelle blague. Ici, à -10, on se dit "super, c'est l'été qui revient". Genre un printemps un tantinet caniculaire.

Et en plus, il y a une façon de les nommer en magasin ces saloperies de sabots de jardin en plastoque qui s'apparente à un terme d'argot local pour désigner les préservatifs - que j'ai heureusement oublié à l'heure de demander les miennes au cordonnier. Ici, la contraception, c'est le pied.

Que faire ? Sauter de mon vingt-troisième étage avec vue sur le lac congelé en laissant un post sur la table ? Dynamiter le bureau et demander un rapatriement d'urgence ? Me casser une jambe, défier un ours polaire en combat singulier, me suicider au cheesecake à la carotte ?

Je ne vois qu'un truc raisonnable, à court terme : garder ces machins au pied dans la rue, mais me mettre le sac qui m'a servi à les ramener du magasin sur la tête en même temps, des fois qu'on me reconnaisse.