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10/04/2007

Agence nationale Pour l'Expatriation (1) On achève bien les poulets

La première démarche du candidat à la création d'entreprise, c'est... l'inscription à l'ANPE et aux Assedic réunis. Evidemment, dans le genre conquête de nouveaux marchés, ça calme. En fait, il s'agit d'une démarche liée à ma démission pour motif familial, qui peut s'avérer utile pour activer si nécessaire des droits à indemnisation au retour, mais qui vient quand même se télescoper avec mes démarches actuelles pour créer une société en France, avant mon départ aux US.

Démarche préalable qui semble en effet plus pratique à effectuer ici, compte tenu des conditions très restrictives mises à la création d'une entreprise par un résident étranger aux Etats-Unis en tant que Treaty investor (tant pis pour l'avis de l'avocate américaine, qui considère manifestement que le dossier est clos). Sauf si on veut créer une usine de fabrication de poulets dans le Kentucky, ou une unité taxidermique pour centenaires en Floride avec 854 emplois à la clé - pistes sur lesquelles j'hésite encore un peu vu que dans ma prochaine formation marketing, il n'y a pas l'option poulets par exemple, ce qui est un oubli bête compte tenu du besoin de poulets dans le monde. Et puis bon, gérer comme ça 854 employés spécialisés dans le découpage du poulet, ou du centenaire, honnêtement, je ne sais pas si j'y arriverais. C'est quand même un sacré challenge de gérer en même temps les employés et les poulets.

Et moi, pendant ce temps-là, je me tape un article de Guelfand intitulé : "La transdiciplinarité en acte" qui permet d'éviter le piège quantophrénique magistralement identifié par Gilbert Durand dans le décryptage du discours consommateur à travers la méthode dite de l'analyse projective. C'est bien gentil ces conneries, mais heureusement qu'il y en a une qui bosse à la maison parce que, à ce stade, je ne vois pas bien qui à qui je vais pouvoir la vendre moi, l'analyse projective, sur le marché de Short North entre le boulanger et le fleuriste. Ça va faire exotique, ils vont se dire "les français, quelle bande de taches tout de même... " Mais pardon, c'est quand même pas tous les Français qui connaissent l'analyse projective. En plus, Guelfand, il ne m'a jamais payé les études que j'avais faites pour lui, il y a une vingtaine d'années, sur le shampoing Dove pour la maman et pour le bébé. C'était une sorte de CPE en plus performant : on n'était pas sûr d'être embauché, mais on n'était pas sûr d'être payé non plus. La grande époque.

Une heure d'attente par rapport au rendez-vous fixé. Honnêtement, je trouve ça raisonnable. D'autant plus qu'ils n'avaient pas noté le rendez-vous pourtant convenu au téléphone aux Assedic, ce qui aurait pu me valoir de revenir une prochaine fois - situation qui, vis-à-vis de l'administration en général, me met dans un état de transe intérieure. Il faudra quand même que j'aille en parler aux Adventistes du Septième Jour à Columbus, c'est pas normal : on ne perd pas la foi dans l'intêret général comme ça. Mais là, rien du tout, je me sens au contraire extraordinairement détendu comme si, je ne sais pas moi, je me préparais à un week-end de deux ans, une sorte de RTT thermonucléarisée dont personne ne maîtriserait plus le reporting. Je ne dis pas que ça détend tout à fait sur le plan de l'employabilité, en imaginant par exemple la réponse à faire au type qui me demandera bien un jour : "bon, c'est bien gentil tout ça, mais vous avez fait quoi là-bas, au juste ? en insistant bien sur le "au juste " dans le cas où je me serais contenté d'écrire à côté de mon boulot de psychologue pour chiens - ou alors il faudra surtout insister sur le côté psychologie. Mais enfin, dans l'immédiat, ça s'apparenterait plutôt à une apesanteur cotonneuse en situation de vol interstellaire.

Je les trouve gentilles, au reste, les hôtesses de l'ANPE, assez humaines même, elles ont dû faire un stage sur un thème du genre : "de l'usager au client" ou "de l'administration des situations à l'accompagnement des projets" comme dans les hôpitaux pour les malades en phase terminale. Et puis sexy en plus, il faut le dire, c'est étonnant, au début, j'ai même crû que j'étais entré par mégarde dans un bar à filles : cuissardes pour l'une, jean fleuri pour l'autre, petits hauts ravissants. On voit bien que ça bouge, l'emploi, en France. A moins que ça ne soit conçu pour détourner l'attention. Un peu comme si le gouvernement s'entendait avec Laure Sainclair et Zara Whites pour nous persuader qu'en réalité il ne faut pas compter 4,4 millions mais seulement 2,1 millions de chômeurs. Ah ah ah. Mais non, ça ne ferait rire personne. Et puis ce serait tout de même très machiavélique comme technique de communication.