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09/10/2007

Tropique de la catastrophe (ouverture)

Une nouvelle idée de roman s'est imposée ces derniers jours et, plus encore, ces dernières nuits, au cours de mon périple en Asie, reléguant la précédente, moins ancrée, à de meilleurs auspices (elle avait une entrée indéniable, mais manquait encore d'une gravité propre).

L'Océanie l'emporte sur l'Amérique ! C'est à la fois étonnant tant je me sens américain de bonne foi, et sans surprise parce que je suis bien davantage né une seconde fois il y a quinze ans dans le Pacifique que je n'aurais pu mourir, bêtement, il y a peu en Amérique - mais ce n'est pas fini, il est vrai, j'ai vu comme tout le monde que ça continuait à canarder dans les bourgs du Wisconsin. C'est donc la vie qui l'emporte dans une voie qui s'annonce pourtant délétère.

Cette idée est enracinée dans des images anciennes. Je crois qu'elle a grandi aussi entre deux escapades, l'une en Afrique (la Lettre à D., son inverse), l'autre en Asie-Océanie (en dérivant sur Alabama Song). Et puis aussi autour de deux ou trois pages de l'Extension, il y a quoi, cinq ans peut-être, dans un petit hôtel de passage à Paris, en remontant d'Océanie justement, du côté de Saint-Julien, à deux pas de l'ancien emplacement du Fogon.

En fait, c'est plus compliqué, car elle en recouvre une, plus ancienne encore et qui fait l'objet, dans un registre différent, d'une focalisation similaire, et une autre, plus récente elle, qu'avait précisément révélée la magnifique Lettre à D, qui m'avait éblouie, lors d'un instant volé dans le recoin d'un bungalow de Moanda, peu avant une cérémonie officielle.

C'est un enchevêtrement en somme, mais dans lequel s'est ouverte une brèche d'attaque - une attaque à l'acide, peut-être.

Je manque de temps. Il me faudrait ici, à Hong-Kong, m'immerger dans la ville, écrire, et en même temps poursuivre, ou reprendre, mes lectures. Je repense à Sartre, les amphètes des dernières années - seule issue pour accorder le mouvement de la pensée à la vitesse de l'écriture sans perdre le fil de l'action.

Je décide aussi d'entreprendre simultanément le texte et son commentaire ; cela, bien que j'eusse trouvé détestable la conclusion égotique d'Alabama Song. Un ridicule épilogue de donzelle qui exhibe une clé dont on se moque. Imagine-t-on Barthes passer aux aveux à la fin des Fragments ? car, quoi, c'est bien de cela dont il s'agit, beaucoup plus que de je-ne-sais-quel making-off à la noix de ce roman dont la puissance poétique déglinguée se suffisait à elle-même. Le texte et son commentaitre donc, mais séparés.

Nous verrons bien à quoi cela va nous mener. Après tout, une ouverture, ce n'est pas un essai. Même sans transformation pourtant, il en resterait un mouvement, assez conforme en tant que tel à l'une des vocations exploratoires de ces cahiers ouverts.

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